La TAP a de nouveau été au centre d’une enquête, mardi, cette fois-ci pour des crimes présumés liés à sa privatisation en 2015. Les opérations ont été menées par la Police Judiciaire (PJ), dans le cadre d’une enquête dirigée par le Département central d’Investigation et d’Action Pénale (DCIAP), qui a conduit le Ministère Public à désigner quatre suspects, dont deux personnes et deux entreprises.
1 – Ce que l’on sait
La TAP, le Groupe Barraqueiro et la Parpública ont été l’objet de perquisitions de la part de la PJ, avec plusieurs médias pointant des crimes présumés dans la privatisation conclue en 2015, impliquant 61 % du capital de la compagnie aérienne vendu au consortium Atlantic Gateway en 2015.
Le Parquet général a confirmé, en septembre de l’année passée, avoir reçu le rapport de l’Inspection générale des Finances concernant la privatisation de TAP en 2015, et a envoyé le document au DCIAP.
L’enquête en question a été ouverte en février 2023 suite à une dénonciation effectuée par Fernando Medina et Pedro Nuno Santos, alors ministres des Finances et des Infrastructures et de l’Habitat, respectivement.
À la mi-octobre 2022, Pedro Nuno Santos a révélé que la direction de TAP avait demandé un audit en raison de soupçons d’un surcoût d’acquisition d’avions par rapport à ses concurrents et que le gouvernement avait transmis les conclusions au Ministère Public.
2 – Le sujet a-t-il déjà été abordé dans la Commission Parlementaire d’Enquête ?
Un des thèmes les plus abordés dans la Commission Parlementaire d’Enquête (CPI) sur la Tutelle Politique de la Gestion de la TAP, en 2023, concernait les « fonds Airbus », une affaire conclue par la société DGN, dirigée par David Neeleman, avec le fabricant d’avions, impliquant l’annulation d’un ancien contrat de ‘leasing’ de 12 avions A350, et la conclusion d’un nouveau pour l’acquisition de 53 aéronefs d’une autre gamme.
Dans le cadre de cette affaire, Airbus a accordé des crédits de capital à la DGN, d’un montant de 226,75 millions de dollars (195,5 millions d’euros au taux de change actuel), qui devaient être destinés à la TAP via l’Atlantic Gateway.
Au cours des auditions de la CPI, plusieurs députés ont questionné les témoins sur leur connaissance de l’opération, estimant que la capitalisation de la TAP en 2015 avait été faite avec les fonds de la propre compagnie.
Le consortium Atlantic Gateway – composé des actionnaires David Neeleman et l’homme d’affaires portugais Humberto Pedrosa – a remporté la privatisation de TAP, conclue à la fin du gouvernement PSD/CDS-PP, opération qui a été partiellement reversée en 2015, par le gouvernement d’António Costa (PS).
À ce moment, la tutelle politique de TAP relevait de l’actuel ministre des Infrastructures et de l’Habitat, Miguel Pinto Luz, qui était alors secrétaire d’État aux Infrastructures, Transports et Communications.
3 – Que dit le gouvernement actuel, sachant que Miguel Pinto Luz est responsable du dossier de la TAP ?
À la suite des développements de mardi, le Ministère des Infrastructures et de l’Habitation a indiqué percevoir « avec normalité » les démarches de la Police Judiciaire liées à la privatisation de TAP en 2015 et garantit toute sa collaboration avec les autorités.
Le gouvernement a également souligné que le processus de privatisation de la compagnie en 2015, alors que Miguel Pinto Luz était secrétaire d’État aux Infrastructures, Transports et Communications, « a été contrôlé par la Cour des Comptes et par l’Assemblée de la République, via une Commission Parlementaire d’Enquête », considérant cet exercice « essentiel dans un État de droit » et devant être vu « comme un élément essentiel d’une démocratie saine et moderne ».
Le Ministère des Infrastructures et de l’Habitat a également souligné qu’il était « absolument concentré sur le processus en cours de privatisation de TAP, dont la date limite pour la soumission de Propositions d’Intention d’Achat est fixée au 22 novembre ».
4 – Quelle a été la réaction de TAP ?
D’autre part, TAP a refusé de commenter les procédures judiciaires et a assuré sa collaboration avec les autorités dans toutes les enquêtes, après les perquisitions de la Police Judiciaire dans la compagnie aérienne, pour des soupçons de crimes lors de la privatisation en 2015.
« TAP ne commente pas les procédures judiciaires et collabore toujours avec les autorités dans toutes les enquêtes », a répondu une source officielle de la compagnie aérienne.
5 – Que dit le Président de la République
Le Président de la République a réagi en affirmant souhaiter que l’enquête qui a entraîné les perquisitions chez TAP soit exhaustive, mais rapide, en manifestant son inquiétude pour la position de l’État portugais dans le processus de reprivatisation partielle de la compagnie aérienne.
« Il est avantageux pour la privatisation de TAP en général que tout ce qui doit être examiné le soit de manière complète, mais également rapidement », a déclaré Marcelo Rebelo de Sousa, en réponse aux journalistes, au Campus de Carcavelos de l’Université Nova de Lisbonne, dans la commune de Cascais.
Le chef de l’État a indiqué qu’une opération comme la privatisation de TAP implique des candidatures, implique l’intérêt de plusieurs candidats, et dans ce contexte, moins il y a de doutes sur ce qui s’est passé, surtout il y a longtemps, mieux c’est pour la position du Portugal.
« Quand on parle de TAP, ce qui importe, c’est la position du Portugal », a défendu le Président de la République.
