« À une époque de plus en plus marquée par l’information et la désinformation, l’impératif de garantir l’authenticité et l’exactitude de nos archives primaires n’a jamais été aussi crucial. La sécurité de l’information, appliquée avec soin, devient un acte fondamental pour préserver la vérité et permettre une mémoire fiable pour l’avenir », a déclaré aujourd’hui l’universitaire lors d’une conférence organisée par le rectorat de l’Université de Lisbonne.
Dans des déclarations à l’agence Lusa en marge de l’événement, l’enseignant a expliqué qu’actuellement, « nous vivons véritablement dans une société post-information », car « il existe déjà cette structure de base d’une société fondée sur l’information ».
« De nos jours, nous avons quelque chose de bien plus pernicieux, à savoir que nous avons cessé d’avoir des entités de référence qui assuraient suffisamment d’autorité pour que ce qui est archivé puisse être un référentiel commun. Un des aspects importants de l’histoire est que les concepts ne sont plus des concepts partagés. Par conséquent, les lentilles d’interprétation sur les mêmes documents, les mêmes pièces, peuvent mener à des chemins différents », a-t-il affirmé.
Pour Luís Gouveia, aujourd’hui, il est question de « tordre la vérité sans la briser, sans dire de mensonges », ce qui fait que la personne qui fait l’interprétation le fait en son propre nom, phénomène récurrent dans le contexte de la post-désinformation, a-t-il expliqué.
Le professeur indique également que le grand défi réside dans le fait que, à l’ère numérique, les « techniques deviennent de plus en plus sophistiquées, ce qui fait perdre l’idée d’original et de copie. Dans le numérique, il n’y a pas d’original, il y a copie et reproduction », ce qui permet « de refaire ou d’inventer des originaux avec des ‘deepfakes’ [technique utilisant des ressources d’intelligence artificielle (IA) pour générer des images et des vidéos imitant quelqu’un] », par exemple.
Dans ce sens, l’universitaire a défendu l’importance de la sécurité dans l’accès à une information de qualité, présentant la proposition d’un cadre de sécurité de l’information pour l’exactitude des archives (ISFAA).
Le professeur a expliqué que cette proposition repose sur quatre piliers : premièrement, la gestion des risques, pour identifier et atténuer les vulnérabilités causées par l’erreur humaine ; deuxièmement, contrôler l’intégrité et l’authenticité, grâce à la traçabilité rigoureuse et à des outils techniques comme les signatures numériques.
Troisièmement, la formation continue et l’éthique professionnelle, en promouvant des programmes éducatifs réguliers sur les pratiques et, enfin, des politiques claires et un contrôle d’accès par fonction, établissant des normes spécifiques pour les archives, minimisant ainsi le risque de manipulation.
L’objectif de cette proposition est d’étendre la norme ISO 27000, qui assure un ensemble de règles sur la confidentialité, l’intégrité et la disponibilité de l’information, liés à la sécurité des données numériques et des systèmes de stockage électronique.