Dans un communiqué adressé à l’agence Lusa, le TRE a expliqué que l’arrêté des trois juges d’appel est fondé sur deux points : une contradiction insurmontable dans la motivation de la décision et une erreur flagrante dans l’évaluation des preuves.
Les juges d’appel Maria Clara Figueiredo, Carla Francisco et Mafalda Sequinho ont décidé, à l’unanimité, de renvoyer l’affaire au Tribunal d’Évora, qui avait rendu la décision de première instance, pour un nouveau procès, a-t-il été avancé.
Selon le TRE, le Ministère Public (MP) a invoqué dans son recours trois nullités de l’arrêté de première instance, qui ont été jugées infondées par la Cour d’appel, et deux vices structurels, que les juges d’appel ont conclu avoir existé.
Un des vices structurels est une erreur flagrante dans l’évaluation des preuves, la Cour d’appel considérant que « les preuves dans le dossier et indiquées dans la décision contestée démontrent amplement et manifestement que le risque d’éboulement du talus et d’effondrement de l’EM255 existait, était réel, et non seulement potentiel, et était connu, depuis plusieurs années, de tous les accusés ».
L’autre vice structurel que le collectif du TRE a considéré exister dans l’arrêté de première instance est la contradiction insurmontable dans la motivation de la décision.
La Cour d’appel a donné comme exemple que, d’une part, le Tribunal judiciaire d’Évora a considéré comme prouvé que « le risque d’éboulement/d’effondrement du massif rocheux qui constituait le talus où était posé l’EM255 existait » et les discontinuités « étaient déjà identifiées et créaient une grande instabilité et un risque que la zone puisse s’effondrer à tout moment ».
« D’autre part, elle a également considéré comme prouvé que ce massif rocheux ne présentait qu’une instabilité potentielle à laquelle contribuait la fracture mentionnée et a jugé non prouvé qu’il était prévisible que le talus s’effondre », a-t-il ajouté.
Ces deux vices structurels, a argumenté le collectif, cité dans le communiqué, « déterminent, à eux seuls, la nécessité d’un nouveau procès, par le tribunal de première instance, mais devant un collectif de juges différent ».
Le 21 février de cette année, le Tribunal d’Évora a acquitté les six accusés de tous les crimes dont ils étaient accusés.
Le président de la Chambre de Borba de l’époque, António Anselmo, qui était poursuivi pour cinq crimes d’homicide par omission, et l’ancien vice-président, Joaquim Espanhol, jugé pour trois crimes d’homicide par omission, font partie des acquittés.
Les autres accusés du dossier sont les fonctionnaires de la Direction Générale de l’Énergie et de la Géologie (DGEG) Bernardino Piteira et José Pereira, poursuivis chacun pour deux crimes d’homicide par omission, l’entreprise exploitante de la carrière, dont le gérant est décédé, et le responsable technique Paulo Alves, poursuivis chacun pour 10 crimes de violation des règles de sécurité.
Contactés aujourd’hui par Lusa, Silvino Fernandes, avocat des deux anciens édiles de la Chambre de Borba accusés dans le procès, et António Cuco, avocat de l’ancien directeur technique de l’entreprise exploitante de la carrière, ont renvoyé d’éventuelles déclarations à un moment ultérieur, après avoir eu la possibilité de consulter pleinement l’arrêté du TRE.
L’après-midi du 19 novembre 2018, un tronçon d’environ 100 mètres de l’EM255 s’est effondré en raison du glissement d’un grand volume de roches, de blocs de marbre et de terre vers l’intérieur de deux carrières, l’une étant en activité et l’autre désactivée.
L’accident a causé la mort de deux ouvriers d’une entreprise d’extraction de marbre dans la carrière active et de trois autres hommes, occupants de deux véhicules qui circulaient sur le tronçon de route effondrée et qui sont tombés dans le plan d’eau de la carrière inactive.
[Actualité mise à jour à 18h28]
