Dans un rapport publié aujourd’hui intitulé « Contrôle du bruit : Planifier, gérer et sensibiliser », le Provedeur commence par rappeler que le bruit est « un grave problème de santé publique », le deuxième facteur de maladie environnementale le plus important de l’Union européenne après la pollution atmosphérique. Le rapport, qui s’étend sur 68 pages, dresse un tableau sombre de la situation au Portugal.
Affirmant que la lutte contre la pollution sonore « n’a pas été une priorité » dans l’action des responsables publics, le Provedeur indique recevoir des dizaines de plaintes par an concernant le bruit.
Notamment à propos du manque de cartes municipales de bruit. Presque deux décennies après l’entrée en vigueur du régime prévoyant leur obligation, « toutes les municipalités n’ont pas respecté l’obligation de préparation » de ces cartes. Selon l’Agence Portugaise de l’Environnement (APA), à la fin du mois d’avril de cette année, 218 municipalités (sur les 278 du territoire national continental) avaient adopté leurs cartes municipales de bruit respectives.
« Les autres municipalités étaient en infraction, n’ayant pas approuvé leur carte municipale de bruit ou, l’ayant fait, ne l’ont pas transmise à l’APA ni publiée », est-il précisé.
Il est également constaté, poursuit le rapport, qu' »aucune municipalité » n’a procédé à la mise à jour des cartes de bruit approuvées.
« Bien qu’elles soient importantes pour atténuer les effets néfastes de la pollution sonore, on constate que, selon les informations fournies par l’APA, à la fin avril 2025, seules 17 municipalités avaient élaboré, approuvé et déposé des plans municipaux de réduction du bruit ». « Par ailleurs, les rares plans approuvés présentent plusieurs insuffisances ».
Le Provedeur de Justice avertit également que la loi ne prévoit pas de consultation publique des populations affectées sur le contenu des plans municipaux de réduction du bruit à approuver, ce qui devrait être le cas.
Mais le rapport contient d’autres observations. Par exemple, sur les 278 municipalités du Portugal continental, « seules trois municipalités ont remis le rapport sur l’état de l’environnement acoustique municipal ». Ou les retards dans l’élaboration des cartes stratégiques de bruit des grandes villes, ou l’absence de ces cartes au niveau des grandes infrastructures de transport.
Le transport aérien, sujet de nombreuses plaintes, mérite un chapitre à part dans le rapport. « Les données de 2017, publiées par l’Agence Européenne de l’Environnement, montrent que les habitants de Lisbonne sont parmi les plus affectés du continent européen par l’exposition au bruit aéroportuaire, juste après ceux de la ville de Luxembourg », indique le document.
La surveillance et la réglementation sont également des sujets de critiques de la part du Provedeur, qui affirme qu’en cas de plainte concernant un excès de bruit, « outre les défaillances ou retards de réponse de l’administration, il convient de souligner que les municipalités transfèrent fréquemment la charge de la preuve du non-respect à la personne concernée ».
Par ailleurs, indique le rapport, les « municipalités sont peu enclines à exercer leurs compétences en matière de sanctions et de précaution, notamment en instaurant des procédures administratives pour violation des normes sur le bruit et en adoptant les mesures de précaution légalement prévues, telles que la suspension de l’activité, la fermeture préventive de l’établissement ou la saisie temporaire d’équipement ».
Le Provedeur recommande que les autorités publiques contrôlent le respect de la loi et souligne que la promotion d’un environnement et d’une qualité de vie sains doit inclure la lutte contre la pollution sonore.
Il recommande notamment aux municipalités de créer et d’approuver les cartes municipales de bruit et de les mettre à jour, d’adopter et de mettre à jour les plans municipaux de réduction du bruit, et de rédiger périodiquement des rapports sur l’état de l’environnement acoustique municipal.
Et aux grandes villes et aux concessionnaires d’infrastructures de transport de respecter l’obligation de préparer des cartes stratégiques de bruit et des plans d’action pour prévenir et réduire l’exposition de la population au bruit.
Il demande également à l’APA de renforcer les mécanismes de surveillance, et aux municipalités d’être plus proactives dans leurs compétences en matière de contrôle du bruit, en utilisant les moyens légaux disponibles pour sanctionner ou mettre fin aux situations de bruit excessif.