Dans le rapport sur l’État de l’Éducation 2024, le CNE avertit que « l’incertitude » quant au financement futur et le manque de mécanismes de soutien financier spécifique pour des projets innovants ou pour des municipalités avec plus de difficultés peuvent compromettre la capacité des municipalités à planifier à long terme et à garantir la qualité des services éducatifs.
« Les municipalités, souvent confrontées à d’autres priorités et à des budgets limités, peuvent éprouver des difficultés à allouer les ressources nécessaires pour faire face aux nouvelles responsabilités dans le domaine de l’éducation, notamment en ce qui concerne les investissements de grande envergure, comme la réhabilitation des bâtiments scolaires », souligne-t-on.
Selon le document, la concrétisation de la décentralisation de l’éducation a représenté « un défi considérable » pour les municipalités portugaises, notamment en termes de capacité technique et de ressources financières nécessaires.
« La complexité de la législation et la nécessité de coordination avec divers acteurs, comme les directions des regroupements scolaires et l’administration centrale, ont révélé des obstacles significatifs », souligne-t-on.
Le CNE souligne également que l’hétérogénéité des réalités municipales, en termes de taille, de ressources et d’expérience dans la gestion des services publics, a entraîné des rythmes de mise en œuvre différents et des défis spécifiques dans chaque contexte.
« Les municipalités de plus grande taille et mieux structurées ont tendance à montrer une plus grande facilité dans la mise en œuvre de projets et dans la gestion de processus complexes, tandis que les municipalités de petite taille peuvent rencontrer plus de difficultés dans l’allocation de ressources humaines qualifiées et dans la mobilisation de financements appropriés », souligne-t-on.
Le rapport avertit que cette asymétrie dans la capacité de réponse peut entraîner des disparités dans la qualité des services éducatifs fournis au niveau local, contrecarrant l’objectif d’une plus grande équité dans l’accès à une éducation de qualité pour tous.
Un autre point critique identifié par le CNE est le manque « d’une articulation fluide et efficace » entre le gouvernement et les municipalités dans certains domaines : « Malgré les mécanismes de coordination prévus par la loi, des défis persistent dans la communication, le partage d’information et la définition de priorités communes ».
Le CNE avertit que l’absence d’une vision stratégique partagée et de canaux de dialogue cohérents peut entraîner des duplications d’efforts, des déconnexions dans la mise en œuvre des politiques et des difficultés à résoudre des problèmes complexes nécessitant une approche intégrée.
Le rapport met également en avant la situation du personnel non enseignant, dont la formation « reste sporadique et embryonnaire », malgré leur rôle « d’une extrême importance » dans les écoles.
Il défend l’importance de garantir la valorisation et la qualification de ces professionnels, par le biais de la réintroduction et la stabilisation des effectifs, la reconnaissance formelle des fonctions et des parcours professionnels et la consolidation des opportunités de formation continue orientées vers les besoins éducatifs émergents.
Dans le processus actuel de transfert de compétences aux municipalités, l’affectation de nombreux de ces professionnels est devenue la responsabilité des municipalités, ce qui pour le CNE peut représenter une opportunité pour garantir que la distribution et la formation des effectifs répondent aux réels besoins des écoles.
