Manuel Carvalho da Silva, ancien leader de la CGTP et modérateur de la session sur la réforme du travail organisée par l’association Causa Pública, qui se déroule à la Faculté des Sciences Sociales et Humaines de l’Université Nova de Lisbonne, a commencé par alerter sur la vulnérabilité de la société portugaise aux « idées néolibérales » et à la possibilité de pressions politiques dans le processus de négociation de la révision de la législation du travail.
« Les chantages vont être nombreux. Il y aura divers chantages, y compris dans le fonctionnement de la concertation sociale », a-t-il déclaré, soulignant à plusieurs reprises qu' »il n’y a pas de démocratie sans syndicats ».
Pour le secrétaire général actuel de la CGTP, Tiago Oliveira, le paquet législatif proposé par le gouvernement représente l’une des plus grandes attaques contre la législation du travail de ces dernières décennies et consolide le pouvoir du patronat au détriment des travailleurs.
« La proposition de modifications à la législation du travail limite la liberté syndicale, plaçant entre les mains de l’entreprise, entre les mains des patrons, la décision d’accès des syndicats au lieu de travail et niant aux travailleurs l’accès à l’information, à l’organisation, à la connaissance, attaquant ainsi la démocratie ».
Concernant les propositions de modification de la grève, il met en garde contre le fait qu’elles la « limitent, en invoquant la liberté des autres ».
Tiago Oliveira a également critiqué l’impact des mesures sur la précarité du travail, la négociation collective et les droits à la maternité et à la paternité.
« C’est le début d’un processus de lutte qui va être intense et qui est décisif pour les travailleurs et pour l’avenir du pays. Il est temps maintenant de donner plus de confiance aux travailleurs. Qui dit que l’inévitable ne peut pas être transformé? Le passé démontre le contraire, et cela se construit par la lutte des travailleurs », a-t-il ajouté.
Le secrétaire général adjoint de l’UGT, Sérgio Monte, a décrit la proposition comme une « contre-réforme libérale » et a souligné qu’elle favorise les intérêts patronaux depuis la conclusion jusqu’à l’exécution et la résiliation des contrats de travail.
« La proposition ne protège pas les droits des travailleurs, elle déséquilibre beaucoup en faveur des patrons. Et de plus, elle donne des pouvoirs au patron depuis la conclusion du contrat de travail, pendant l’exécution du contrat et jusqu’à la fin du contrat de travail », a-t-il averti.
Sérgio Monte a également insisté sur l’importance de la négociation collective et a averti de la perte de stabilité et de droits dans les secteurs affectés : « La notion collective est le joyau de la couronne des syndicats. Dès que nous perdons une grande partie de ce qui est notre activité syndicale, nous assistons à un recul social », a-t-il déploré.
Le projet de loi du gouvernement pour la révision de la législation du travail, présenté fin juillet, a commencé cette semaine à être débattu avec les partenaires sociaux.
Les modifications prévues dans la proposition du gouvernement couvrent des domaines allant de la parentalité (avec des modifications des congés parentaux, de l’allaitement et du deuil gestationnel) au travail flexible, en passant par la formation en entreprise ou la période d’essai des contrats de travail, prévoyant également une extension des secteurs qui seront désormais couverts par des services minimaux en cas de grève.
Les confédérations patronales ont salué la proposition, bien qu’elles admettent un espace pour des améliorations, tandis que les centrales syndicales ont été très critiques à l’encontre du projet du gouvernement, considérant que la proposition est une attaque contre les droits des travailleurs et un recul civilisationnel.
La CGTP-IN a convoqué une Journée nationale de lutte contre le paquet législatif, fixée au 20 septembre, avec des manifestations à Porto (10h30) et à Lisbonne (15h00), exigeant du gouvernement le retrait des propositions de modification de la législation du travail qu’elle considère comme une « attaque généralisée » contre les droits des travailleurs.