La surprise a été le sentiment dominant pour Samuel Úria lorsqu’il a entendu son nom lors de la dernière cérémonie des Globos de Ouro, l’invitant à monter sur scène pour recevoir le prix de la Meilleure Chanson.
‘2000 A.D.’, le titre gagnant, est, selon l’artiste lui-même, « une réflexion quelque peu dystopique de la réalité socio-politique actuelle ». Peut-être à cause de cela – et de son « rejet du présent » -, la victoire a été si inattendue.
« Je ressens de la surprise, avant tout. Le choix du thème est lié à l’urgence de tous ces facteurs dans lesquels nous sommes immergés et, en ce sens, ce n’était pas prévisible de gagner avec une chanson qui offre plus de malaise que de fuite« , admet le musicien dans une interview au Notícias ao Minuto.
Samuel Úria n’a « aucune relation consciente avec le ‘mainstream' ». Lorsqu’il écrit des chansons, ce n’est pour lui « aucun facteur de l’équation ». « Si un jour une de mes compositions devenait absurdement populaire, ce serait pour des raisons qui m’échappent. Je crois même que si je m’efforçais de tomber dans le goût plus général, ou même générique, ce n’est pas par cet effort conscient que le succès serait garanti », souligne-t-il.
‘2000 A.D’ utilise l’imaginaire du passage du millénaire comme point de départ pour évoquer la réalité actuelle. « Un quart de siècle s’est écoulé depuis 2000, une bonne période pour les bilans. Et un quart de siècle avant 2000 (c’est-à-dire il y a 50 ans), les premiers pas de la démocratie au Portugal étaient faits – d’autres bilans sont justifiés. En outre, il y a toutes les questions symboliques, imaginaires et idéalisées autour de l’année 2000, des tournants de siècle et de millénaire », explique Samuel Úria dans la même interview.
Dans son discours aux Globos de Ouro, le musicien, né en 1979 à Tondela, a réitéré que « le présent n’est pas bien », qu' »il sent mauvais ». Interrogé sur ces problèmes et sur les idéaux qui « s’estompent », Samuel Úria parle de manipulation, de projets qui l' »encouragent », des « peurs et mensonges » qui ont été créés ces derniers temps et du « relâchement » qui règne.
« Il y a 50 ans, au Portugal, il y avait des disputes idéologiques violentes et des luttes impétueuses pour le pouvoir, mais la volonté de construire une démocratie sans erreurs touchait au cœur de la majorité absolue des Portugais. Nous étions échaudés par l’indéniable manque de liberté qui a précédé cette période. Aujourd’hui, le coup de chaleur semble se faire moins sentir, et on n’ambitionne plus des objectifs communs sans erreurs. Le pire de tout est la claire manipulation de la vérité dans tous projets de pouvoir. Bien sûr, certains de ces projets m’encouragent plus, en raison même de leur recours au renforcement manipulatif des peurs et des mensonges. Mais aucun des autres côtés n’a été exempt de falsifications, de relâchements et de manipulations. Le manque d’engagement envers la vérité annule l’idée que nous serons jugés par les bons et mauvais côtés de l’Histoire, avant tout par les côtés très mensongers ou légèrement trompeurs de l’Histoire », lance-t-il.
Concerts aux Coliseus les 11 et 17 octobre
Avec le Globo de Ouro en poche, l’attention se porte désormais sur deux des salles de spectacle les plus emblématiques du pays. Ce samedi, 11 octobre, Samuel Úria se produit au Coliseu dos Recreios, à Lisbonne. Le 17, il montera vers l’Invicta pour offrir un concert au Coliseu Porto Ageas.
« Dès que mes musiques sont publiées, la fidélité que je leur dois est de ne pas les reproduire machinalement. Les chansons sur les disques sont présentées presque comme sur une photo, d’un jour où elles peuvent être plus maquillées, plus négligées, plus rondes, plus fines. Sur scène, elles se présentent dans l’état où elles se trouvent ce jour-là aussi, perméables à la lumière et au lieu, au public qui les photographie. Pour les Coliseus, elles vont s’habiller selon l’attente de cette salle. Quant au répertoire, bien qu’il soit centré sur l’album ‘2000 A.D.’, il y a aussi l’intention de sortir plus de lapins des chapeaux des invités spéciaux », révèle l’artiste qui a sept albums à son actif.
Avec Samuel Úria, « les 12 Ao Todo, Carol, Gisela João, Manuela Azevedo, Margarida Campelo, Milhanas et les Velhas Glórias » monteront sur scène.
Quant à un futur travail, c’est pour l’instant une page blanche. « Mon idée pour le prochain disque est seulement dans le mot ‘prochain’. Rien n’est encore en train d’être mis en place, hormis la notion que je ne veux pas arrêter de faire des disques suite », note-t-il.
Les billets pour les spectacles sont disponibles sur BOL, Ticketline et aux endroits habituels avec des tarifs entre 23 et 35 euros.