Le Président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, a refusé ce mardi de commenter « des affaires concrètes, encore moins en cours d’enquête judiciaire », suite à l’arrestation de dix militaires de la Garde nationale républicaine (GNR) et d’un agent de la Police de sécurité publique (PSP) pour avoir prétendument exploité et réduit en esclavage des immigrés à Beja.
« Je ne commente pas les affaires concrètes, encore moins celles sous enquête judiciaire, car il s’agit d’une enquête menée par des entités judiciaires et qui, apparemment, concerne des actions criminelles, nous verrons si c’est le cas ou non », a-t-il déclaré aux journalistes à la Fondation Gulbenkian, à Lisbonne.
Il a ajouté : « Ce que je dirais ici, comme je l’ai dit dans d’autres cas, est qu’il conviendrait que cette enquête soit, dans la mesure du possible, menée rapidement. Pourquoi rapidement ? Premièrement, parce que les crimes invoqués sont graves et deuxièmement, parce qu’ils impliquent des effectifs au service d’institutions très importantes dans la société portugaise ».
Marcelo Rebelo de Sousa a souligné que « la réputation de ces institutions est fondamentale ». « Ce n’est pas seulement la réputation des personnes enquêtées, ce n’est pas seulement la gravité de la question soulevée, mais c’est aussi la réputation de ces institutions et leur crédibilité ».
« Tout ce qui correspondrait à une procédure, respectant ce que la loi prévoit, mais rapide est important. Nous ne pouvons pas avoir l’idée que ce n’est qu’un an, deux, trois, quatre ou cinq ans plus tard qu’on détermine – quand on détermine, – une matière qui est très sensible pour le prestige des institutions. S’il y a lieu de faire justice, qu’elle soit rendue, mais le temps de sa mise en œuvre n’est pas indifférent », a-t-il souligné.
Le Président de la République a néanmoins estimé que le prestige de la GNR et de la PSP, « pour l’instant », n’est pas affecté. « C’est pour cela que je dis que pour que la crédibilité des institutions, qui sont essentielles pour notre vie collective, ne soit pas affectée, il faut que cette enquête ou ce type d’enquêtes soit mené le plus rapidement possible ».
Que sait-on de ce cas ?
Dix militaires de la GNR et un agent de la PSP ont été arrêtés ce mardi lors d’une opération de la Police judiciaire (PJ) pour avoir prétendument exploité et réduit en esclavage des immigrés.
Dans un communiqué envoyé aux rédactions, la PJ précise avoir mené l’opération Safra Justa pour exécuter environ 50 mandats de perquisition et 17 mandats d’arrêt à Beja, Portalegre, Figueira da Foz et Porto.
« En cause », explique l’autorité, « se trouve une organisation criminelle qui contrôlait des centaines de travailleurs étrangers, dont la majorité en situation irrégulière au Portugal ».
Les réactions de la GNR et de la PSP
La GNR a réitéré son « rejet total de tout acte portant atteinte aux droits humains, à la dignité des personnes et à la bonne réputation de tous ses militaires et civils, femmes et hommes qui, quotidiennement et de manière dévouée, servent le Portugal et les Portugais ».
Par la suite, également dans un communiqué, la PSP a indiqué avoir « pris connaissance aujourd’hui » de cette opération et a précisé que l’agent était « en congé prolongé depuis 14 mois ».
Elle a également fait savoir qu’elle « attendait des détails concrets sur l’affaire », notant que dès qu’elle aura « des nouvelles des crimes dont l’officier est accusé » – information qu’elle ne possède pas encore pour le moment – « des procédures disciplinaires appropriées et préventives seront mises en œuvre ».

