Fuite à la justice Sócrates lance : « Faux » et « les soupçons du ministère public sont malveillants »

Fuite à la justice Sócrates lance : "Faux" et "les soupçons du ministère public sont malveillants"

Le ministère public (MP) a mis en doute aujourd’hui le déplacement présumé de l’ancien Premier ministre José Sócrates aux Émirats arabes unis, admettant que ce voyage, s’il a eu lieu, pourrait faire partie d’un plan de fuite et que les mesures de contrainte pourraient changer.

« Il est complètement faux que j’aie fait des voyages à l’étranger qui auraient dépassé la limite de cinq jours à partir de laquelle je suis obligé de communiquer au tribunal le lieu de mon absence. C’est faux, point final », affirme Sócrates dans un communiqué envoyé à l’agence Lusa après la position exprimée par le MP.

Dans cette note, l’ancien gouvernant ironise en disant que « douze ans après », c’est « le troisième risque de fuite » dont il est suspecté dans le cadre du procès Opération Marquês, actuellement en jugement mais suspendu jusqu’au début janvier en raison de la démission de son avocat de défense, Pedro Delille.

« Il y a eu un risque de fuite à l’aéroport de Lisbonne en 2014 lorsque j’entrais dans le pays, pas en sortant ; il y a eu un risque de fuite parce que je faisais un doctorat au Brésil ; maintenant ils prétendent qu’il y a un risque de fuite parce que je suis allé deux fois à Abu Dhabi (dans des voyages distincts et courts qui n’ont, aucunement, dépassé cinq jours) », déclare-t-il.

Dans le communiqué, il adresse même une critique directe au MP : « La manœuvre, bien comprise, consiste à renverser les termes : j’ai dénoncé les procureurs pour être suspects de transmettre des informations à des journalistes sur ma vie privée ; ils répondent en insinuant que j’ai fait des voyages illégaux et que cela signifie un risque de fuite ».

Dans l’analyse de l’ancien Premier ministre, « les soupçons du Ministère public ne sont pas comiques, ils sont malveillants ».

Les questions avancées aujourd’hui par le MP figurent dans une requête avancée par l’Observador et à laquelle Lusa a eu accès, et surgissent à la suite d’une interview que José Sócrates a donnée à CNN la semaine dernière, où l’ancien Premier ministre a déclaré avoir passé deux semaines aux Émirats arabes unis.

Pour le Ministère public, « il n’est pas à exclure que le déplacement évoqué de l’accusé n’ait pas été communiqué au tribunal de manière délibérée, éventuellement dans le cadre d’un plan visant à lui permettre de se soustraire définitivement à la portée de la justice nationale ».

José Sócrates, qui est jugé dans le cadre du procès Opération Marquês pour 22 crimes, reste soumis à une obligation de pointage et de résidence qui, bien que ce soit la mesure de contrainte la moins grave, oblige à la communication d’une nouvelle résidence ou du lieu où il peut être trouvé s’il s’absente du pays plus de cinq jours.

À présent, le MP souhaite que José Sócrates explique devant le tribunal les déplacements qu’il a effectués à l’étranger et pourquoi ils n’ont pas été communiqués, et que l’Unité de coordination des frontières et étrangers, le Bureau d’informations sur les passagers et ANA – Aeroports de Portugal envoient les registres des entrées et sorties du Portugal de l’ancien Premier ministre.

Si des déplacements non communiqués au tribunal sont confirmés, le Ministère public admet que les mesures de contrainte pourraient être revues.

José Sócrates, âgé de 68 ans, est accusé de 22 crimes, dont trois de corruption, pour avoir prétendument reçu de l’argent afin de favoriser, dans des dossiers distincts, le groupe Lena, le Groupe Espírito Santo (GES) et le ressort algarvien de Vale do Lobo.

Au total, le procès compte 21 accusés, qui ont généralement nié la commission des 117 crimes économiques et financiers qui leur sont imputés globalement.

Le jugement se déroule depuis le 3 juillet au Tribunal central criminel de Lisbonne, organisme qui, le 11 novembre, a précisé que les crimes de corruption liés à Vale de Lobo pourraient prescrire au premier semestre de 2026.