La première de ‘Mulheres, Terra, Revolução’, de Rita Calvário et Cecília Honório, et la projection au Portugal de ‘Where the Wind Comes From’, de la réalisatrice tunisienne Amel Guellaty, lors de l’ouverture du festival, font partie de la programmation qui comprend 12 productions portugaises, indique l’association culturelle Olhares do Mediterrâneo.
‘Guardadoras de Histórias, Guardiãs da Palavra’, de Raquel Freire, dans lequel des écrivains de pays de l’univers afro-luso-brésilien « parlent de création, mémoires, périphéries, résistances littéraires et culturelles », et ‘The Brink of Dreams’, du duo égyptien Nada Riyadh et Ayman El Amir, meilleur documentaire au Festival de Cannes de 2024, sont parmi les propositions.
Les questions environnementales, le harcèlement sexuel et la violence de genre, l’occupation israélienne de la Palestine, la lutte pour l’indépendance des femmes sahraouies, les histoires de femmes kurdes et yézidies, les réfugiés et les migrations forcées, le racisme et le colonialisme sont des thèmes qui traversent cette année le festival, qui se déroule jusqu’au 6 novembre dans six lieux à Lisbonne : Cinema São Jorge, Cinemateca Portuguesa, Museu do Aljube, Casa do Comum, ISCTE-Instituto Universitário de Lisboa et Goethe-Institut.
D’une durée de dix jours, soit deux de plus que l’année dernière, la 12ème édition d’Olhares do Mediterrâneo – Women’s Film Festival inclut 33 premières nationales, quatre mondiales, trois européennes et une internationale, pour un total de 41 films inédits au Portugal, dans une programmation globale qui couvre documentaire, fiction, cinéma d’animation et expérimental, « pour donner voix et visibilité aux histoires racontées par des femmes », originaires de pays du Sud de l’Europe, d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient, autour de la Méditerranée, « dans leur multiplicité de thèmes et de styles, privilégiant des récits non stéréotypés ».
« Le monde est en feu, métaphoriquement et littéralement, et il devient de plus en plus pertinent de programmer des films qui nous ouvrent les yeux, nous font réfléchir et nous incitent à l’action », affirme le collectif féminin qui organise le festival.
Le Museu do Aljube accueille la première séance, avec le documentaire ‘Mulheres, Terra, Revolução’, et le débat qu’il suscite, le 28 octobre, mais la séance officielle d’ouverture se tiendra deux jours plus tard au Cinema São Jorge, avec le film ‘Where the Wind Comes From’, long métrage de début d’Amel Guellaty, qui a participé aux festivals de Sundance et de Rotterdam.
Le film, un voyage à travers la Tunisie « à la recherche de la liberté », dont le titre est aussi un vers d’un poème de A.A. Milne, créateur de Winnie-the-Pooh, résulte de la volonté de la réalisatrice de parler « d’une jeunesse tourmentée par le manque d’emploi, d’infrastructures et de culture, qui voit l’émigration comme seule solution », sans pour autant faire « un drame social sombre et difficile », mais plutôt une comédie, relevant le défi « de trouver de la légèreté en temps de désespoir ».
A la Cinemateca Portuguesa, du 3 au 6 novembre, quatre films de deux réalisatrices – la bosnienne Jasmila Zbanic et la serbe Mirjana Karanovic – seront projetés, centrés sur la violence, les génocides de la Guerre Civile Yougoslave (1991-2001), et les traces qu’ils ont laissées sur la vie des gens.
Les deux réalisatrices, qui seront présentes à Lisbonne, ont travaillé ensemble, un fait évident dans les films à projeter : ‘Esma’s Secret’, mettant en vedette Mirjana Karanovic, lauréat de l’Ours d’Or du Festival de Berlin en 2006, ‘On The Path’ (2010), et ‘Quo Vadis, Aida’ (2020), de Jasmila Zbanic; et ‘A Good Wife’ (2016), de Karanovic, produit par Zbanic.
Quant aux quatre sections compétitives, elles présenteront 53 films, parmi lesquels les portugais ‘Mulheres, Terra, Revolução’, de Rita Calvário et Cecília Honório, et ‘Isto não é um Jardim’, de Marta Pessoa, en compétition des longs métrages ; et, dans les courts métrages, ‘Amanhã Não Dão Chuva’, de Maria Trigo Teixeira, ‘As Minhas Sensações São Tudo o Que Tenho Para Oferecer’, de Isadora Neves Marques, ‘Há Ouro em Todo o Lado’, de Rita Morais, et ‘O Jardim em Movimento’, de Inês Lima.
La Section Spéciale Travessias, pour les films sur les migrations, le racisme et le colonialisme, inclut des titres comme ‘My Sweet Land’, de Sareen Hairabedian, cinéaste basée aux États-Unis, ‘Palestine Islands’, production française de Nour Ben Salem et Julien Menanteau, et ‘This Home is Ours’, de la palestinienne Shayma’ Awawdeh.
La Compétition Commencer à Olhar, dédiée aux films d’école, rassemble 13 productions, dont cinq portugaises, signées par Ainá Xisto, Carolina Vaz Rebelo, Irina Oliveira, Marina Schneider et Luísa Villas-Boas.
En clôture des sections compétitives, sera projeté ‘O Homem de Argila’ (‘The Dreamer’), de la réalisatrice française Anaïs Tellenne, sélectionné pour le Festival de Venise, élu Meilleur Film de 2024 par l’Union des Critiques de Cinéma Français.
La programmation d’Olhares do Mediterrâneo inclut également « des séances pour les familles », avec des films pour le jeune public, des débats après les projections et des ‘workshops’.
« Ce qui sous-tend la programmation et notre travail », affirment les organisatrices dans le texte de présentation du festival, « c’est l’obstination à croire qu’il vaut la peine de faire de la culture, de faire des films indépendants », de rassembler des gens dans une salle de cinéma pour réfléchir « au monde existant et à celui que nous voulons, contre la montée croissante du fascisme international et la limitation croissante de la liberté d’expression et de la pensée critique ».
Le festival est une initiative d’Olhares do Mediterrâneo – Associação Cultural avec le CRIA – Centro em Rede de Investigação em Antropologia.