Selon des informations recueillies par l’avocat Frederico Miguel Alves, une dizaine de personnes mises en examen ont été placées sous Termo de Identidade e Residência (TIR) et les sept autres attendent de connaître les mesures de coercition qui seront annoncées samedi, le ministère public ayant requis la détention provisoire pour ces dernières.
« Le ministère public a demandé la mesure de détention provisoire pour un militaire de la GNR, un PSP et quelques civils. Quant aux autres accusés, il a proposé d’autres mesures de coercition impliquant leur libération immédiate », a déclaré l’avocat Frederico Miguel Alves aux journalistes, devant le tribunal après minuit aujourd’hui.
L’avocat a également mentionné avoir un client pour lequel la détention provisoire a été requise.
« Nous attendons la décision samedi à 18h00. L’autre client a été libéré », a-t-il ajouté.
L’organisation criminelle démantelée mardi lors de l’opération « Safra Justa » par la Police Judiciaire (PJ) contrôlait environ 500 travailleurs étrangers dans l’Alentejo, cependant, tous ne sont pas considérés comme victimes de trafic, selon une source policière.
Mardi, dans un communiqué, la PJ a annoncé que l’opération avait permis de démanteler une organisation criminelle facilitant l’immigration illégale qui contrôlait des centaines de travailleurs étrangers, pour la plupart en situation irrégulière au Portugal.
Au total, 17 personnes ont été arrêtées, y compris 11 membres des forces de sécurité – 10 militaires de la GNR et un membre de la PSP – et six civils, âgés de 26 à 60 ans.
Les personnes arrêtées ont commencé à être entendues jeudi au Tribunal Central de Instrução Criminal (TCIC) à Lisbonne, pour un premier interrogatoire judiciaire et l’application des mesures de coercition respectives.
Les faits investigués, selon le ministère public (MP) et la PJ, sont susceptibles de constituer des crimes d’aide à l’immigration illégale, de trafic de personnes, de corruption active et passive, d’abus de pouvoir, de falsification, de fraude fiscale et de blanchiment de capitaux.
Les 10 militaires de la GNR arrêtés, au moment des crimes présumés, appartenaient au Commandement Territorial de Beja de la GNR, tandis que l’agent de la PSP, du Commandement Districtal de Beja, était en arrêt maladie depuis septembre 2024, a-t-il été révélé mardi.
Quant aux six civils, la source policière a précisé à Lusa mercredi que quatre sont portugais et deux sont étrangers, « tous membres de l’organisation criminelle ».
« Les deux étrangers sont indo-pakistanais et recrutaient des victimes de cette même origine tout en les contraignant et menaçant également », a-t-il expliqué.
Parmi les Portugais, demeure « le chef » du réseau, qui a été « arrêté sur la voie publique à Beja, à 05h00 mardi », tandis que les autres étaient « ses bras droits ».
En tout, environ 50 mandats de perquisition et 17 mandats d’arrêt ont été exécutés, pas seulement à Beja, mais aussi à Portalegre, Figueira da Foz et Porto.
Le MP a argumenté que les suspects ont profité de « la situation de fragilité (documentaire, sociale et économique) de citoyens originaires de pays tiers, pour la plupart sans papiers, afin d’en tirer des avantages économiques considérables ».
Les immigrés « étaient disposés à travailler sans contrat formalisé » et recevaient « une rémunération inférieure à celle du marché pour les fonctions » à réaliser, par exemple dans l’agriculture.
« Les suspects n’ont pas remis aux travailleurs les sommes promises, leur déduisant arbitrairement des montants pour des frais de logement, de transport, d’eau, d’électricité et de documentation », a-t-il souligné.
Les membres des forces de sécurité suspects contrôlaient et surveillaient les travailleurs étrangers « en échange d’une compensation économique » et « menaceraient également ces citoyens, leur donnant à comprendre que porter plainte aux autorités ne serait pas une alternative viable pour réagir aux abus » dont ils étaient victimes.