L’ancien Premier ministre italien Mario Draghi a critiqué aujourd’hui la lenteur et l’inertie de l’Union européenne (UE) en matière de compétitivité, appelant à une nouvelle dynamique pour obtenir des résultats « en mois, pas en années ».
« Les entreprises et les citoyens […] expriment une frustration croissante, déçus par la lenteur avec laquelle l’UE agit », a déclaré Draghi lors d’une conférence de haut niveau pour analyser les progrès de la Commission européenne dans la mise en œuvre des recommandations établies dans le rapport qu’il a élaboré il y a un an.
L’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE) a souligné la nécessité pour l’UE de suivre une voie différente, exigeant « une nouvelle vitesse, une nouvelle échelle et une intensité » capables d’ »obtenir des résultats en mois, pas en années ».
Il a plaidé pour que le choix d’une nouvelle voie vers la compétitivité signifie que les États membres doivent « agir ensemble et ne pas fragmenter les efforts » et « concentrer les ressources là où l’impact est le plus important ».
« Parfois, l’inertie est même présentée comme un respect de l’État de droit », a-t-il estimé, ajoutant que « cela relève de la complaisance ».
En se référant aux dynamiques des États-Unis et de la Chine, les plus grands concurrents de l’UE, Draghi a rappelé qu’ils sont moins contraints et a considéré que si l’UE ne change pas de parcours, elle devra se résigner à rester en arrière.
Soulignant qu’un an après avoir présenté son rapport sur la compétitivité de l’UE, le bloc est « dans une situation plus difficile », Mario Draghi a conclu que le modèle de croissance européen est en train de s’effriter.
« L’inaction menace non seulement notre compétitivité, mais aussi notre propre souveraineté », a-t-il ajouté.
Dans son rapport publié en septembre 2024 et commandé un an auparavant, Mario Draghi a estimé à 800 milliards d’euros les besoins annuels d’investissement supplémentaire dans l’UE face aux concurrents chinois et américains, soit plus de 4 % du Produit Intérieur Brut (PIB) communautaire, et supérieur au Plan Marshall.
L’ancien président de la Banque centrale européenne a proposé, à cette fin, une émission régulière de dette commune dans l’UE, comme cela a été fait pour faire face à la crise du covid-19, un investissement massif dans la défense et une nouvelle stratégie industrielle communautaire.
Le rapport Draghi a défini trois priorités pour l’Europe : résoudre le déficit d’innovation en technologies avancées, tracer une voie de décarbonisation qui soutienne la croissance, et renforcer la sécurité économique.
[Mis à jour à 11h38]