Le Groupe Consenso Imigração estime que la proposition de loi sur le retour, telle qu’elle est présentée, ne répond pas de manière adéquate aux causes structurelles de l’immigration irrégulière, ni ne démontre que le durcissement de la coercition produira une plus grande efficacité à moyen et long terme, souligne l’organisation informelle, qui a participé à la consultation publique de l’initiative du Gouvernement et qui se termine à la fin de l’année.
Pour le groupe, qui inclut d’anciens gouvernants, chercheurs et anciens hauts commissaires aux migrations, « une politique de retour efficace doit être proportionnelle, juridiquement solide, économiquement rationnelle et intégrée dans une politique migratoire plus large, qui inclut des voies légales, une régularisation responsable, une intégration et un respect effectif des droits fondamentaux et humanitaires ».
Selon l’avis, dont la chercheuse Lucinda Fonseca est la rapporteuse, le « débat public constitue une opportunité pour corriger la trajectoire, en renforçant le contrôle de l’État sans sacrifier la légitimité démocratique, la cohésion sociale et la durabilité du système », espérant que l’exécutif reculera sur la proposition.
Dans le document soumis, le Consenso Imigração « reconnaît également que le régime actuellement en vigueur présente des faiblesses dans son application pratique, notamment en ce qui concerne l’efficacité administrative, la coordination institutionnelle et la prévisibilité des procédures », arguments que le gouvernement a invoqués pour modifier la législation, faute de capacité à expulser les étrangers en situation irrégulière.
Le nouveau paquet législatif étend de deux mois à une période pouvant aller jusqu’à un an le temps de détention (avec six mois supplémentaires pour exécuter l’expulsion), centralise à la PSP toutes les procédures de retour, élimine l’étape initiale de notification de départ volontaire dans le cas des citoyens irréguliers (en lançant en parallèle le processus de départ coercitif), élève les exigences de résidence effective pour empêcher l’expulsion, crée un « régime ouvert en centre d’installation temporaire » et élimine les recours suspensifs.
Pour le Consenso Imigração, la proposition de loi présentée « opte pour un modèle excessivement centré sur la coercition, notamment par la normalisation de la détention administrative prolongée et la compression des garanties procédurales, sans démontrer des gains durables d’efficacité et avec des risques juridiques, sociaux et économiques significatifs ».
En revanche, les experts soutiennent que « toute réforme du régime de retour doit être orientée par la preuve empirique, la proportionnalité constitutionnelle, le respect des engagements européens et internationaux et une vision intégrée de la politique migratoire, adaptée à la réalité économique et démographique portugaise ».
La période de détention prolongée rapproche « le Portugal de régimes européens plus restrictifs » et cette augmentation « ne se traduit pas, de manière cohérente, par des taux de retour effectif plus élevés », mais implique plus de dépenses, une augmentation des litiges et un renforcement des réseaux clandestins, selon l’avis.
Par ailleurs, la réduction des « délais de recours et la limitation de l’effet suspensif des contestations compromettent l’effectivité du droit d’accès à la justice » pour les étrangers, en plus de créer des problèmes dans le respect des accords internationaux.
La « possibilité de maintenir la détention administrative pendant l’examen de l’admissibilité des demandes de protection internationale rapproche indûment les régimes de retour et d’asile, qui obéissent à des logiques juridiques distinctes », déclare Lucinda Fonseca.
La proposition révèle également « une approche limitée aux aspects humanitaires », car elle ne définit pas de « critères clairs ni de procédures robustes » dans des situations impliquant des mineurs, des personnes avec des problèmes de santé physique ou mentale, des victimes de traite des êtres humains ou d’exploitation professionnelle, des cas d’antécédents de traumatisme, de violence et de persécution ou de vulnérabilité sociale ou économique particulière.
Malgré la pénurie de main-d’œuvre et le vieillissement de la population, les voies légales de l’immigration restent insuffisantes et « les politiques excessivement coercitives tendent à pousser les travailleurs vers l’informalité, réduisant ainsi la capacité réglementaire de l’État et favorisant les réseaux d’exploitation professionnelle », accusent les auteurs.
Dans l’avis, le groupe espère que le débat public conduira « à une réorientation substantielle de la proposition », qui définirait la détention comme « dernier recours effectif » des autorités, l’augmentation du « retour volontaire assisté » et la fin de la « normalisation de la détention dans le contexte de [demande d’]asile », parmi d’autres propositions.
Le groupe veut le renforcement des « canaux légaux et des mécanismes permanents de régularisation », mais mise sur l’intégration et l’inspection du travail, entre autres sujets.
Le délai de débat public du paquet législatif se termine à la fin du mois.
Les modifications à la loi sur les étrangers (Entrée, Séjour, Sortie et Éloignement des Étrangers du Territoire National), sur l’asile (Octroi de l’Asile ou Protection Subsidiaire) et à la loi qui définit le Régime d’accueil des étrangers ou apatrides dans les centres d’installation temporaire concluent ce que l’exécutif considère comme « essentiel pour garantir l’éloignement des citoyens étrangers en situation irrégulière », selon les propositions auxquelles Lusa a eu accès.
