« C’est une erreur de penser que la ministre fait sa propre interprétation du travail »

"C'est une erreur de penser que la ministre fait sa propre interprétation du travail"

« C’est une erreur de penser que ce que la ministre fait est sa propre interprétation du monde du travail », a déclaré le secrétaire général de la CGTP lors d’une interview à l’agence Lusa, à propos de la grève générale convoquée pour jeudi prochain en réponse au projet de révision du Code du travail proposé par le gouvernement.

« La ministre reste un membre du gouvernement et le Premier ministre connaît parfaitement le contenu du paquet législatif », a souligné Tiago Oliveira, désignant Luís Montenegro comme le « principal responsable » du « climat » entourant les modifications de la législation du travail.

Quant à la « position de négociation » du gouvernement sur ce projet, le leader de la CGTP estime que « l’ouverture aux négociations [de la part de l’exécutif] est un leurre construit », car le gouvernement « ne renonce pas à ses grandes lignes directrices ».

Tiago Oliveira a également indiqué que depuis la présentation du projet, le 24 juillet, la CGTP a eu « deux réunions bilatérales » avec le gouvernement et qu' »à aucune » de ces occasions « aucune proposition de modification n’a émergé » par rapport au document initial, ni l’exécutif ne s’est montré prêt à adopter une quelconque proposition de cette centrale syndicale.

« La réponse de la ministre a été simple : elle ne se reconnaît pas dans nos propositions », a déclaré Tiago Oliveira.

Bien que la CGTP n’ait pas reçu la nouvelle proposition envoyée par le gouvernement à l’UGT, qui inclut des concessions sur des sujets tels que la simplification des licenciements dans les entreprises de taille moyenne et les horaires flexibles, Tiago Oliveira souligne que, selon les informations communiquées, « le document, même dans les aspects qui montrent des avancées, ne touche pas aux axes centraux ».

Parmi les mesures critiquées par le leader de la CGTP figure l’allongement de la durée des contrats, qui, selon la centrale syndicale, « donne plus d’outils aux entreprises pour embaucher des travailleurs précaires », la révocation de la norme qui prévoit des restrictions à la sous-traitance en cas de licenciement, le retour à la banque d’heures individuelle, qui vient « dérégler les horaires de travail des employés », ou encore « l’interdiction pour les syndicats d’entrer sur les lieux de travail », a-t-il exemplifié.

Malgré les critiques réitérées par la ministre, qui a affirmé que la CGTP s’est mise en marge des négociations depuis le début, Tiago Oliveira assure que la centrale syndicale « ne renonce pas à participer à toute réunion à laquelle elle est convoquée » et qu’elle est prête à « [s]’asseoir et discuter », mais adresse un avertissement.

« Nous ne sommes pas là pour discuter de combien nous allons reculer sur les droits des travailleurs », a-t-il affirmé, rejetant « l’idée que la CGTP ne signe rien » et soulignant qu’en plus de cinq décennies d’histoire, elle « a déjà signé huit accords dans le cadre de la Concertation sociale ».

Le leader de la CGTP réitère donc son appel au gouvernement pour « retirer cette proposition de paquet législatif » de la discussion, car elle constitue « une véritable attaque aux droits des travailleurs », et soutient que la discussion doit viser « l’amélioration des conditions de vie et de travail ».

Malgré les critiques, la ministre du Travail a déjà annoncé que le gouvernement « n’est pas disposé à retirer l’ensemble de la proposition » et qu’il souhaiterait conserver les « grandes lignes directrices », tout en restant ouvert au dialogue. Palma Ramalho a également déclaré qu’elle « n’étendrait pas indéfiniment » la négociation dans le cadre de la Concertation sociale, mais qu’elle a décidé « de donner plus de temps » à l’UGT.

La CGTP et l’UGT ont décidé de convoquer une grève générale pour le 11 décembre, en réaction au projet de loi de réforme de la législation du travail présenté par le gouvernement.

Ce sera la première paralysie réunissant les deux centrales syndicales depuis juin 2013, époque à laquelle le Portugal était sous l’intervention de la ‘troïka’.