Environ 4,6 milliards de colis d’une valeur inférieure à 150 euros ont pénétré sur le marché européen en 2024 — soit plus de 145 par seconde — dont 91 % provenant de Chine, selon des données citées par des sources communautaires.
Il y a un mois, les ministres des Finances des 27 États membres ont approuvé la fin de l’exemption des droits de douane sur ce type de colis, quel que soit le pays d’origine, mais avec un objectif clair de lutter contre l’afflux de produits bon marché de Chine, vendus sur des plateformes telles que Shein, Temu ou AliExpress, souvent sans respecter les normes européennes.
La mesure faisait déjà partie de la réforme de l’Union douanière, qui ne devrait entrer pleinement en vigueur qu’en 2028, mais les dirigeants européens souhaitent désormais accélérer le calendrier et mettre en œuvre une solution transitoire « simple et provisoire » à partir de 2026.
« Il y a quatre ans, un milliard de colis arrivaient de Chine. Aujourd’hui, il y en a plus de quatre milliards », a averti le ministre français de l’Économie, Roland Lescure, cité par l’Agence France-Presse. « Ces colis représentent une concurrence déloyale par rapport au commerce traditionnel, qui paie des impôts. Il est essentiel d’agir, et d’agir vite », a-t-il déclaré.
La France a pris la tête de cette initiative à Bruxelles, dans un contexte de tension avec Shein, après que la plateforme chinoise ait été mise en cause dans des scandales liés à la vente de poupées sexuelles à apparence infantile et à des armes de catégorie A.
La principale difficulté technique réside dans l’incapacité des services douaniers à contrôler la conformité de ces volumes massifs d’importations, ce qui a permis l’entrée de produits dangereux ou contrefaits.
Appliquer dès 2026 des taxes variant selon la nature du produit et le pays d’origine serait « une tâche herculéenne » et pourrait encore surcharger des services douaniers déjà congestionnés, admettent des sources diplomatiques.
Face à ce scénario, la proposition défendue par Paris est d’appliquer une taxe fixe par colis, considérée plus efficace et dissuasive qu’une taxation proportionnelle, selon Lescure. « Nous voulons que les mesures aient un impact réel », a-t-il souligné.
L’entrée en vigueur de la mesure dépendra de la définition d’un modèle viable. « Sera-ce le 1er janvier ? Le 1er avril ? Nous verrons. Mais je veux que ce soit très rapide en 2026 », a affirmé Lescure.
Cependant, un diplomate européen a averti que le système provisoire « n’est pas simple » et devra être mis en place avec les moyens actuels, ce qui rend impossible la définition d’une date exacte.
Cette taxation douanière n’est que le premier pas d’une réponse européenne plus large à l’influx de produits « made in China ». À partir de novembre 2026, Bruxelles propose également la mise en place d’une taxe de traitement de deux euros par colis d’une valeur inférieure à 150 euros.
Selon la Commission européenne, cette nouvelle taxe servira à financer l’amélioration des contrôles frontaliers et, avec la perception des taxes, contribuera à rééquilibrer les conditions de concurrence entre les produits européens et ceux importés de Chine.
