Les nouvelles ont été présentées aujourd’hui par le groupe Penguin Random House Portugal, qui revient également avec de nouveaux livres de Juan Gabriel Vasquez, Irene Solà, Jon Fosse, et mise principalement sur une grande enquête journalistique sur les origines du Chega.
Ce mois-ci déjà, la Companhia das Letras publie ‘Os substitutos’, de l’écrivain brésilien Bernardo Carvalho, pratiquement absent des publications nationales depuis la fermeture de l’éditeur Cotovia (qui publiait cet auteur), à l’exception d’un roman publié par Quetzal en 2015.
‘Os substitutos’ suit un père aux comportements inappropriés dans un Brésil sous dictature militaire et un fils qui tente de survivre à son père en se réfugiant dans la lecture d’un roman de science-fiction, vivant une sorte de vie parallèle.
La narration se déroule au rythme de deux visions du même monde, atteignant le plus intime de leurs expériences, notamment à travers la découverte par le fils de la sexualité déviante de son père et de sa propre homosexualité, dans un roman fictionnel mais ancré dans certains aspects réels de la vie de l’auteur.
Un autre début dans cette collection, qui arrive également ce mois-ci en librairies, est celui d’Ana Margarida de Carvalho, qui publie maintenant ‘A chuva que lança a areia do Saara’, marquant le retour de la romancière au roman, six ans après ‘O gesto que fazemos para proteger a cabeça’.
L’histoire commence avec un homme ivre transporté dans une charrette, fait prisonnier et condamné, à son insu, à des travaux forcés dans une carrière cachée, où il finit par rencontrer toute une galerie de personnages grotesques.
‘A justa desproporção’ marque les débuts du poète et traducteur Daniel Jonas en prose avec un ensemble de textes qui couvrent des sujets allant des plus élevés aux plus banals, de personnes célèbres aux plus ordinaires, dans une publication de la même collection à paraître ce même mois.
Un autre point fort de la collection est la publication inédite, en octobre, de ‘A legião estrangeira’ de Clarice Lispector, comme l’auteure l’avait imaginé, reprenant l’édition originale de 1964 qui faisait partie du recueil de textes ‘Fundo de gaveta’.
Au même mois, la Companhia das Letras publie aussi un nouveau roman de Ricardo Adolfo, ‘A chefe dos maus’, le premier situé au Japon (pays où cet écrivain et publicitaire réside), et un autre de João Tordo, ‘Inventário da solidão’.
Chez Alfaguara, Juan Gabriel Vasquez revient avec ‘Os nomes de Feliza’, une histoire inspirée de la sculptrice colombienne Feliza Bursztyn, décédée prématurément à 48 ans dans un restaurant de Paris, où elle se trouvait avec son mari et quatre amis, dont l’écrivain Gabriel García Márquez, qui, quelques jours plus tard, a publié un article affirmant que l’amie était morte « de tristesse ».
Feliza, née en 1933, a tracé un parcours inhabituel pour l’époque, souhaitant avant tout être maîtresse de sa vie, ce qui l’a amenée d’abord à divorcer puis à devenir artiste. Deux scandales qui ont conduit à sa persécution et à son exil à Paris.
L’écrivain est parti de l’énigme de sa mort pour enquêter sur la vie inconnue de cette artiste révolutionnaire, construisant un roman qui tisse biographie, réalité et imagination.
À la même période, ‘A malcriada’, deuxième roman de l’Italienne Beatrice Salvioni, fait suite à ‘A malnascida’, publié par Alfaguara en 2023.
En octobre, Carmen Maria Machado revient, son premier roman au Portugal par cette écrivaine américaine – dont Penguin a déjà publié le recueil de contes ‘O corpo dela e outras partes’ -, qui aborde un souvenir d’abus à l’époque de l’université, avec une écriture inhabituelle mêlant tradition et folklore à la modernité.
Revenant également sur les étagères, on trouve l’écrivaine française multirécompensée Marie NDiaye, dont ‘A vingança é minha’ a déjà été publié et maintenant ‘Ladivine’, ainsi que l’écrivain colombien Héctor Abad Faciolince, avec ‘A nossa hora’, un roman de nature mémorielle relatant l’histoire tragique d’un voyage en Ukraine pour participer à une foire du livre en 2023, qui s’est terminé par le bombardement du restaurant où il se trouvait, causant la mort de plusieurs personnes, y compris le guide qui avait changé de place avec lui.
En octobre arrive également ‘O que não sei de ti’, premier roman de l’écrivain canadien Eric Chacour, distingué par plusieurs prix, sur un médecin parfaitement établi, avec femme et enfants, qui tombe amoureux d’un jeune homme pauvre vivant dans un bidonville, où il prend soin de sa mère.
La rentrée de Cavalo de Ferro est marquée par la publication de titres d’auteurs déjà reconnus, comme ‘Labirinto à beira-mar’, un livre d’essais qu’il manquait à publier du Polonais Zbigniew Herbert, et ‘Dei-te olhos e viste as trevas’, de la Catalane Irene Solà, un roman fortement ancré dans la tradition et le folklore catalans, se déroulant au cours d’une aube, où une vieille dame alitée est veillée par des ancêtres déjà décédés.
En octobre, un autre ‘romans durs’ de George Simenon arrive, ‘A casa dos Krull’; le livre qui a donné une reconnaissance internationale au Hongrois Péter Nádas, ‘O fim de um romance familiar’; et le récent roman du Hongrois Lázló Krasznahorkai – dont seul ‘O tango de Satanás’ avait été publié par Antígona -, intitulé ‘Herscht 07769’, une histoire satirique sur l’époque actuelle, écrite en une seule phrase, sans ponctuation.
Novembre amène un autre roman de Jon Fosse, le premier qu’il a écrit après avoir reçu le Prix Nobel de Littérature, et qui donnera naissance à une trilogie : ‘Vaim’, l’histoire d’un homme qui se rend en bateau dans une ville pour chercher une aiguille et du fil pour coudre un bouton, tombe amoureux et rentre chez lui avec cette femme qui abandonne son mari. Après avoir vécu ensemble, il meurt et la femme retourne chez le mari abandonné.
Elsinore va rééditer ‘A guerra não tem rosto de mulher’ et ‘As vozes de Chernobyl – História de um desastre nuclear’, de Svetlana Alexievich, et publier ‘O colapso’, nouveau livre d’Édouard Louis, qui revient à mettre la violence au centre.
Cette collection publie également en octobre ‘A estrada do Donbas’, de l’écrivain ukrainien Serhij Zhadan, décrivant le retour dans une région désolée avec un paysage industriel soviétique et des gangs armés, écrit dans un style que les critiques qualifient de « jazz littéraire ».
En non-fiction, le point fort est ‘Por dentro do Chega. A face oculta da extrema-direita em Portugal’, publié par Objetiva, résultant de l’enquête menée par le journaliste Miguel Carvalho au cours des cinq dernières années sur ce parti.
Dans la collection objectivement, le livre d’essais ‘Contra o progresso’, du philosophe Slavoj Zizek, qui réfléchit sur l’idée de progrès en commençant par l’image du film ‘O terceiro passo’ de Christopher Nolan, où un magicien fait disparaître des oiseaux et, face à la question d’un enfant sur leur mort, répond que non, qu’il s’agit de l’illusionnisme, pour ensuite être vu jetant des oiseaux morts dans une poubelle. L’analogie que l’auteur fait avec ce qui se passe de nos jours est celle-ci : nous ne voyons pas d’oiseaux morts, mais ils sont là.
L’autre livre de la même collection est ‘Tecno-feudalismo ou o fim do capitalismo’, de Yanis Varoufakis, qui montre comment le pouvoir s’est graduellement concentré dans les grandes entreprises technologiques, qui s’enrichissent et se nourrissent des utilisateurs d’Internet et des réseaux sociaux, privatisant cet espace, asservissant les esprits et redessinant la carte géopolitique.