La publicité de Noël de la chaîne de supermarchés Intermarché fait le tour des réseaux sociaux, accumulant des milliers de vues dans le monde entier. Pourtant, elle est maintenant accusée de plagiat.
La vidéo, intitulée « Mal Amado », raconte l’histoire d’un loup solitaire dont tous les animaux s’éloignent dès qu’ils le voient approcher, car, comme l’indique l’agence qui l’a produite, « ce n’est pas facile de se faire des amis quand on les mange ».
Durant les deux minutes et demie de l’annonce, le loup tente de se racheter aux yeux des autres animaux en découvrant le monde de la cuisine et les différentes façons de cuisiner des aliments – autres que de la viande.
À la fin de l’histoire, le loup prépare ce qui semble être une tarte à partager avec les autres animaux. Au début, la peur domine parmi les herbivores de la forêt, mais après qu’un écureuil courageux accepte une part de la tarte, le loup est inclus dans le cercle et finit par s’asseoir à table pour le dîner de Noël.
L’histoire, accompagnée du succès français des années 70 « Le Mal Aimé » de Claude François et d’une animation digne du cinéma (comme le soulignent de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux), a touché le cœur de milliers de personnes, recevant de nombreux éloges.
Regardez la vidéo ci-dessous :
Cependant, une accusation troublante est apparue le mardi 16 décembre concernant l’annonce. Thierry Dedieu, un écrivain et illustrateur de 70 ans, a affirmé que la vidéo plagiait son livre « Un Noël pour le Loup », publié en 2017.
« Il y a une semaine, j’ai vu l’annonce à la télévision, j’ai trouvé ça génial, puis j’ai pensé : ‘Attends, tu as écrit ce livre !' », a confié Thierry Dedieu à la revue Télérama.
« C’est exactement comme dans mon livre, sauf que dans mon histoire, tout ne se termine pas bien ; je n’ai pas d’annonceur pour m’y contraindre. Dans mon histoire, à la fin, personne ne vient dîner, le loup reste seul à table et se dit qu’il va essayer à nouveau l’année suivante », a-t-il expliqué.
Outre la prémisse, Dedieu a souligné des similitudes dans les choix visuels, familiers aux illustrations qu’il a utilisées dans son livre. Par exemple, la longue table dressée au cœur d’une forêt enneigée éclairée par des bougies.
« La grande table au milieu de la forêt, les bougies, les poissons, la tarte, les animaux cachés pour l’observer… Au minimum, ils auraient pu lui faire faire un pique-nique ! », a poursuivi Thierry Dedieu.
« C’est troublant », a-t-il confessé au Le Parisien. Et il a ajouté :« Si ce n’est pas du plagiat, je ne sais pas ce que c’est ».
En fait, les similitudes sont si notoires que l’écrivain a déclaré avoir reçu un appel d’un libraire lui demandant s’il avait participé au script du film. La réponse a été un retentissant « non ».
« Je suis furieux et je ne veux pas qu’ils s’en sortent impunément, ce n’est pas possible. Je leur propose une issue ; je m’offre de faire un film avec eux, en tant qu’auteur », a-t-il affirmé.
L’agence Romance, qui a produit le film, a déjà réagi aux accusations, signalant que la saga « Tous avons une bonne raison de bien manger » avec Intermarché existe depuis sept ans.
« À chaque création, une dizaine de personnes plus ou moins bien intentionnées se proclament auteurs de l’histoire », a expliqué le président de l’agence, Christophe Lichtenstein. « Nous avons décidé d’arrêter de traiter ces cas infondés », a-t-il ajouté.
Le film, a affirmé le président, utilise « des archétypes universels de Noël » communs à divers contes de Noël : « Si nous devions lire les trois mille livres qui parlent de Noël, nous n’y parviendrions pas. » De plus, il défend que les styles sont « graphiquement incomparables ».
Intermarché, pour sa part, a regretté « que le succès de cette annonce soit maintenant l’objet d’une tentative d’appropriation individuelle, dans le but de revendiquer sa provenance et d’en tirer profit, bien que l’histoire et son déroulement soient fondamentalement différents ».
Thierry Dedieu a déclaré avoir déjà demandé des éclaircissements à Romance et à Intermarché, mais n’a pas encore reçu de réponse. L’écrivain envisage de lancer une action en justice.