Le Mouvement Démocratique des Femmes (MDM) a condamné aujourd’hui les modifications de la législation du travail proposées par le gouvernement, car elles constituent une « attaque directe aux droits » des travailleuses, compliquent la conciliation entre travail et famille et augmentent la précarité et la discrimination.
Le MDM a analysé la proposition de modification du Code du travail et a identifié plusieurs aspects qu’il considère préoccupants et « un recul », outre la question déjà polémique de la réduction du temps pour allaiter, « qui a ignoré les recommandations d’organisations internationales comme l’Organisation mondiale de la santé ».
Le gouvernement souhaite limiter le congé d’allaitement jusqu’à deux ans (alors qu’actuellement, il n’y a pas de limite) et exiger la présentation semestrielle de certificats médicaux, alors qu’actuellement, il suffit de présenter un certificat médical lorsqu’elle dépasse la première année de vie de l’enfant.
Selon le MDM, les déclarations de la ministre du Travail, qui a suggéré que le droit à l’allaitement peut être utilisé pour éviter de travailler, ont révélé une « vision hostile, méfiante et discriminatoire concernant les choix des femmes », permettant de construire un récit de suspicion sur celles qui allaitent, a accusé le mouvement.
Le MDM critique la proposition, mais souligne que ce n’est pas le seul problème du paquet de mesures.
Le mouvement alerte également sur « le coup porté au droit à un horaire flexible », étant donné que le gouvernement souhaite mettre fin à la possibilité de refuser le travail de nuit ou le week-end pour ceux qui ont des enfants jusqu’à 12 ans.
Parmi les « reculs graves » se trouvent également les changements de protection en cas de perte pendant la grossesse, car la proposition met fin aux trois absences justifiées et rémunérées à la fois pour la femme et le père.
Pour le mouvement, ce changement « détruit la fonction sociale de la maternité et de la paternité ».
Augmenter le temps pendant lequel un travailleur peut rester avec des contrats à durée déterminée est l’un des « reculs criants » identifiés par le MDM, qui critique la proposition du gouvernement visant à permettre la possibilité de neuf ans de contrat, plaçant ces travailleurs « avec la vie suspendue, sans stabilité, sans prévisibilité ».
« Ces changements révèlent la précarité comme une politique d’État, institutionnalisée pour durer près d’une décennie dans la vie des femmes », souligne le mouvement, en notant que le télétravail n’y échappe pas non plus, le gouvernement souhaitant mettre fin à la possibilité pour le travailleur de refuser le télétravail.
Le MDM critique également l’idée que l’Autorité pour les conditions de travail (ACT) soit empêchée d’intervenir au cours des processus de licenciement illégaux, l’interprétant comme signifiant « moins de supervision, moins de contrôle » et « plus d’impunité pour les entreprises qui souhaitent se débarrasser de ceux qui les dérangent ».
En outre, alerte le mouvement, si l’ACT intervient seulement une fois le processus terminé, à ce moment-là, bien souvent, « la travailleuse a déjà perdu son salaire, sa stabilité et son emploi ».
Le mouvement rappelle l’augmentation du nombre de cas de femmes enceintes et de jeunes mères licenciées, atteignant 1 886 cas l’année dernière, le chiffre le plus élevé depuis 2020.
Pour ces raisons, le mouvement considère que les propositions de modification sont « un recul civilisationnel déguisé en modernisation, qui renforce les inégalités, alimente le contrôle sur les choix des femmes et pousse la conciliation entre vie professionnelle et familiale dans le domaine de l’impossible ».
Le mouvement rejette les modifications et accuse la proposition du gouvernement de « ne pas être neutre », considérant qu’il s’agit d’un « choix politique délibéré qui place les intérêts des entreprises au-dessus des droits des personnes. On opte pour le profit, au détriment de la justice sociale. Aux femmes, on envoie un message clair : vos droits sont négociables. Aux familles, on dit : débrouillez-vous ».