« Il est évident que nous devons avoir un débat national qui prenne en compte les conséquences des décisions du Tribunal Constitutionnel et qui introduise les modifications nécessaires pour faire du regroupement familial un instrument essentiel des politiques d’intégration, en ligne avec la Constitution », a déclaré aujourd’hui António Vitorino lors d’un colloque organisé par le groupe de travail Conseil Immigration.
En août, Marcelo Rebelo de Sousa a opposé son veto à la proposition de nouvelle loi sur les étrangers après que le Tribunal Constitutionnel a jugé inconstitutionnelles cinq dispositions du décret, approuvées par l’AD et Chega.
Les juges ont rejeté la disposition autorisant le regroupement familial uniquement avec des mineurs, sans les conjoints ; le délai minimum de deux ans de résidence ; le temps minimum d’examen des dossiers et l’exigence de respect des mesures d’intégration.
Pour António Vitorino, le Portugal est en « contre-courant » par rapport à l’Europe, où le regroupement familial a un « poids dominant » dans le canal d’entrée de l’immigration régulière.
Le regroupement « a une fonction de gestion des flux migratoires, d’identification des défis du ‘stock’ migratoire » et une « composante d’intégration des immigrants dans la société d’accueil », a défini l’ancien responsable de l’Organisation Internationale des Migrations.
António Vitorino propose une « solution qui reconnaisse le rôle du regroupement comme canal régulier de migration tout en identifiant son potentiel pour la société d’accueil ».
Pour le dirigeant du CNMA, « les migrations sont trop importantes pour être prises en otage par la polarisation simplificatrice » ou « de simples instruments d’agendas tactiques partisans ».
Dans ce contexte, « les voix de la raison doivent se faire entendre » dans la société portugaise, a-t-il affirmé, estimant que le « contrôle des frontières est nécessaire » pour réguler les flux, mais que le problème principal ne réside pas là.
« Une grande part de l’irrégularité est liée aux facilités accordées sur le marché du travail », a-t-il déclaré, soulignant que « dans la plupart des pays européens, les autorités du travail sont particulièrement négligentes dans le contrôle du travail des immigrants ».
Le discours public a mis l’accent sur les « contrôles aux frontières », tout en laissant « des lacunes flagrantes concernant le marché du travail, où les abus prolifèrent ».
Un exemple en est le discours sur l’augmentation des prix de l’immobilier au Portugal, qui a alimenté la polarisation.
António Vitorino a souligné que les principaux responsables de l’augmentation des prix de l’immobilier au Portugal sont ceux que la société appelle expatriés et non immigrants.
Concernant la pression des immigrants sur les services publics, António Vitorino a rappelé le rôle positif des nouveaux arrivants dans les zones intérieures du pays, une réalité qui contraste avec la théorie anti-migratoire.
Dans de nombreux cas, les « écoles n’ont pas fermé grâce à l’arrivée des enfants des immigrants », a-t-il déclaré, tout en déplorant le retard dans le recrutement des médiateurs pour les écoles.
« Les médiateurs sont essentiels » et « j’espère qu’ils résoudront les difficultés bureaucratiques pour recruter », a-t-il souligné.