Dans une étude datée de décembre 2024, les chercheurs alertent que la crise du logement affecte les migrants dans toute l’Europe.
Le projet a été développé dans le cadre du Projet H:OUSE, avec la participation du Centre de Recherche et d’Etudes de Sociologie (CIES-Iscte), dans six pays : Italie, Grèce, Irlande, Portugal, Slovénie et Hongrie.
« Les réfugiés et les migrants font face, dans toute l’Europe, à des obstacles significatifs pour accéder à un logement stable », affirment les auteurs.
L’étude a identifié une discrimination structurelle, des obstacles bureaucratiques et un accès limité à l’information.
Le projet H:OUSE vise à promouvoir le droit au logement des migrants, « en soutenant des initiatives de parrainage communautaire dans les pays participants ».
Cette approche réunit citoyens, entreprises et organisations pour aider les nouveaux arrivants, a précisé l’ISCTE.
Au Portugal, l’organisation ComUnidade garantit un logement et un soutien aux réfugiés pendant au moins deux ans, grâce au parrainage communautaire.
Dans le cadre du Projet Reconstruir, à Tadim, Braga, six maisons sont en cours de construction pour des familles migrantes et réfugiées. Le projet LAR, près de Guarda, a réhabilité quatre maisons vacantes pour accueillir des réfugiés avec le soutien de la communauté, a illustré l’institution.
L’étude indique que bien qu’au Portugal le droit au logement soit consacré dans la Constitution, l’efficacité de la loi n’est pas toujours garantie.
Les auteurs du travail observent que le marché locatif dans le pays se caractérise par une « volatilité croissante ».
« La pénurie de logements sociaux, qui représente 2% du parc immobilier, combinée à un déséquilibre entre l’offre et la demande, où la disponibilité des maisons est insuffisante et les prix en hausse, aboutit à une crise d’accessibilité au logement », soulignent-ils.
Le Portugal est également mentionné comme un pays qui a attiré l’attention internationale sur le marché immobilier : « Certaines politiques économiques ont attiré des fonds financiers étrangers et des entreprises immobilières ».
« Des programmes tels que le Visto Gold, lancé en 2012 pour encourager l’achat de biens immobiliers par des non-résidents, ainsi que des politiques pour faciliter la rénovation des bâtiments et des incitations fiscales spéciales, ont contribué au renforcement de l’investissement international », est-il souligné dans le document.
Le tourisme et le phénomène de « gentrification » sont également cités à propos de la pression immobilière qui attribue des résidences à cet effet, ce qui entraîne une pénurie de logements.
En conséquence, les prix de l’immobilier s’alignent également sur un scénario international, divergeant des salaires nationaux.
Au troisième trimestre 2023, selon les données de l’OCDE, le Portugal a dominé un indice, suivi par le Canada et les États-Unis, qui reflète « le défi croissant de l’accessibilité au logement » dans ces pays, où le coût est « significativement élevé » par rapport au revenu de la population.
Lisbonne et Porto sont les exemples les plus critiques cités par les auteurs de l’étude, pour qui l’accessibilité au logement est devenue « un défi significatif » au Portugal.
« Les défis sont particulièrement graves pour la population étrangère, qui se concentre principalement dans la métropole de Lisbonne », mentionnent-ils.
Les migrants, qui constituent « une part significative » de la population urbaine, rencontrent des obstacles supplémentaires sur le marché immobilier. « Plus de 40% de leurs revenus sont généralement consacrés au logement, un chiffre significativement plus élevé que celui de la population locale », observent-ils.
Le modèle d’acquisition de maison individuelle, soutenu par des politiques étatiques, « rend l’accès au logement difficile », car l’obtention d’un prêt immobilier est « souvent plus difficile » pour les migrants.
De plus, ils rencontrent souvent « des discriminations en matière de logement », de la xénophobie et des obstacles bureaucratiques qui aggravent les difficultés dans ce domaine.
Le surpeuplement et la sous-location sont courants dans la communauté migrante, plus par nécessité que par choix, des problèmes « aggravés par le manque de soutien juridique et social adéquat, ainsi que par la lenteur de la réponse des agences de logement et d’immigration ».