« Le Mécanisme de relance et de résilience [qui finance les PRR] […] devait être la force motrice pour réaliser la transition numérique, mais cette opportunité n’a pas été pleinement exploitée », car « les pays n’ont pas été tenus de donner la priorité à des mesures répondant à leurs principaux besoins numériques », soutient la Cour des comptes européenne dans un avis publié aujourd’hui.
Avec une enveloppe de 150 milliards d’euros sur un total de 650 milliards d’euros (montants de 2022), la partie numérique du Mécanisme de relance et de résilience représente le plus important moyen de financement actuel pour la numérisation de l’Union européenne (UE). Cependant, selon la Cour des comptes européenne, il a manqué « un focus stratégique, étant donné que les États membres n’ont pas été contraints de prioriser l’allocation de ces fonds à des mesures abordant les principaux besoins numériques préalablement identifiés ».
« Ainsi, certains États membres ont consacré une part moindre de leur financement du Mécanisme de relance et de résilience à des domaines où leur performance était insuffisante, réduisant ainsi leur potentiel à contribuer efficacement à la transition numérique », ajoute l’auditeur de l’UE dans son rapport.
Dans le règlement de ce mécanisme, créé pour aider les pays de l’UE à se redresser des impacts économiques de la pandémie de COVID-19, il était prévu que les PRR nationaux consacrent 20 % de leur financement à des réformes et des investissements numériques, ce qui a été « correctement appliqué », selon la Cour des comptes européenne.
Cependant, « nous avons également constaté que le cadre de performance et les indicateurs utilisés pour suivre les progrès n’étaient pas bien alignés avec ceux de la stratégie numérique de l’UE, limitant leur capacité à mesurer la contribution réelle de ces réformes et investissements à la transition numérique » et, pour cette raison, ce potentiel « pourrait ne pas être pleinement évalué », ajoute le tribunal.
Selon les données du rapport de la Cour des comptes européenne, en ce qui concerne le financement attribué aux mesures numériques dans les PRR nationaux, le Portugal était, en décembre 2023, le quatrième pays de l’UE avec les moins de fonds alloués, totalisant 4,5 milliards d’euros (équivalent à 21 % du plan portugais).
Dans le domaine du numérique, le PRR du Portugal comprend 2 460 jalons et 926 mesures relatives au numérique, avec une exécution actuelle de 25 %.
« Les défis numériques pour le Portugal incluent la nécessité d’investir dans la transition numérique, notamment dans le développement de compétences numériques, tant basiques qu’avancées, dans l’utilisation des technologies numériques pour garantir l’égalité d’accès à une éducation et une formation de qualité et pour accroître la compétitivité des entreprises. Cela est particulièrement pertinent au Portugal, où l’économie se caractérise par des microentreprises concentrées dans des secteurs traditionnels », peut-on lire sur le site de la Commission européenne concernant le PRR portugais.
Dans son ensemble, le plan a une valeur de 22,2 milliards d’euros, avec 16,3 milliards d’euros en subventions et 5,9 milliards d’euros en prêts du Mécanisme de relance et de résilience, concernant 376 investissements et 87 réformes.
Actuellement, le pays a déjà reçu 8,49 milliards d’euros en subventions et 2,9 milliards d’euros en prêts et le taux d’exécution du plan est de 32 %.