Programme du gouvernement ? Fenprof dit que c’est un « retour en arrière » pour l’école publique

Programme du gouvernement ? Fenprof dit que c'est un "retour en arrière" pour l'école publique
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Le programme du XXV Gouvernement constitutionnel a été remis samedi à l’Assemblée de la République, mettant la réforme de l’État parmi les priorités assumées par l’exécutif de Luís Montenegro, une initiative perçue avec appréhension par la Fenprof.

Préoccupée par la possibilité que l’agenda de réformes compromette les fonctions sociales de l’État, y compris dans l’éducation, la fédération syndicale estime que le programme « représente un sérieux recul pour l’école publique, la science et ses professionnels ».

« Il cherche à délester l’État du rôle crucial qu’il joue dans la garantie du droit d’accès universel à une éducation et une science publiques de qualité, qui promeuvent l’égalité des chances et de réussite, ainsi que la formation intégrale de citoyens pour une vie et une société démocratiques », indique un communiqué.

Dans le chapitre dédié à l’Éducation, la Science et l’Innovation, l’exécutif réaffirme essentiellement les objectifs et mesures prévues dans le programme précédent, certaines ayant été interrompues suite à la chute du gouvernement, notamment la révision du Statut de la Carrière Enseignante, un processus que l’équipe dirigée par Fernando Alexandre prévoit désormais conclure d’ici la fin de la législature.

Initialement prévue pour être finalisée à temps pour l’année scolaire 2026/2027, la Fenprof considère que le report de la révision du statut « perpétue le problème du manque de professeurs et reflète une absence de réponses structurées », et accuse le gouvernement de traiter cette situation « comme une fatalité, se disculpant de responsabilités politiques en cette matière ».

Par ailleurs, elle critique également l’intention de revoir le régime de placement des enseignants et insiste sur le fait que le classement professionnel est le seul critère garantissant équité, objectivité et transparence dans les affectations, une position sur laquelle les enseignants ont été intransigeants en 2022, bloquant certaines des modifications que l’alors ministre João Costa souhaitait introduire dans le cadre de cette révision.

Le nouveau gouvernement, qui maintient Fernando Alexandre à la tête du Ministère de l’Éducation, de la Science et de l’Innovation, continue de proposer la création d’un statut de directeur qui, du côté des enseignants, reçoit également des critiques.

Selon la Fenprof, ce serait le premier pas vers un corps professionnel de gestionnaires, « renforçant l’autoritarisme et le contrôle hiérarchique de cet organe, dans une gestion de plus en plus éloignée des véritables intérêts d’une école publique de qualité, démocratique et libre ».

Dans le domaine de la science, la Fenprof déplore l’absence de mesures pour lutter contre le sous-financement des établissements d’enseignement supérieur et critique la reprise du processus de révision du Régime Juridique des Établissements d’Enseignement Supérieur sur la base de la proposition du gouvernement présentée en début d’année.

La structure syndicale critique également que le Programme du Gouvernement envisage le secteur privé comme réponse à l’universalisation de l’accès à l’éducation préscolaire à partir de 3 ans, par le biais de contrats d’association, une option qui, pour la Fenprof, « révèle un éloignement idéologique des préceptes constitutionnels ».

« Les professeurs, les éducateurs et les chercheurs sauront répondre à la mise en œuvre des mesures préjudiciables de ce programme, par leur action et leur lutte, rejetant la transformation de l’éducation et de l’enseignement en business, source de profit pour des intérêts privés, et exigeant des solutions urgentes pour les problèmes structurels du secteur et de la profession », souligne la Fenprof dans le communiqué.