Il s’agit d' »une politique publique pour les immigrés basée sur des critères racistes, xénophobes et classistes », accusent les promoteurs dans une déclaration conjointe contre les projets de loi qui seront discutés vendredi au parlement et qui limitent le regroupement familial, allongent les délais pour obtenir la citoyenneté, permettent le retrait de la nationalité aux naturalisés et créent une nouvelle structure de frontières au sein de la PSP.
« Le gouvernement actuel tente de reconfigurer le régime d’accueil et de séjour des personnes immigrées sur la base d’une logique d’exclusion et de contrôle », accusent les associations dans un communiqué commun, qui promettent de se concentrer devant le parlement vendredi pour sensibiliser les députés et l’opinion publique.
Les trois projets de loi de modification de la Loi de nationalité, de la Loi des étrangers et de création de l’unité nationale des étrangers et des frontières au sein de la PSP « font partie d’un projet intégré de répression institutionnelle, de sécurisation de la vie migrante, d’attaque aux droits fondamentaux et de renforcement du racisme et de la xénophobie dans l’État portugais », affirment les associations, considérant que les projets de loi « représentent des aspirations antidémocratiques, mettant en péril la cohésion sociale et les principes constitutionnels » du pays.
Pour les auteurs, les « politiques migratoires doivent partir de la reconnaissance de la présence et des contributions concrètes des personnes immigrées », mais le « discours institutionnel dominant insiste à réduire ces vies à des chiffres et des menaces ».
« L’État promeut, avec ces lois, une séparation artificielle entre ‘immigrés utiles’ et ‘indésirables’, favorisant des divisions et des inégalités » entre étrangers qualifiés, citoyens lusophones et les autres.
Pour les signataires, « le silence sur les privilèges fiscaux et légaux accordés aux étrangers bénéficiaires de visas ‘Gold’ et à fort pouvoir économique » dévoile « le véritable critère de cette politique : la couleur de peau, l’origine ethnique-raciale, le capital et l’utilité économique immédiate ».
Les associations, beaucoup liées à la défense des immigrants, accusent l’Agence pour l’intégration, les migrations et l’asile (AIMA) d’inefficacité, contestant la récente prolongation de la validité des autorisations de résidence jusqu’au 15 octobre, en omettant ceux qui n’ont que des visas, « des documents essentiels pour ceux qui sont en phase initiale de régularisation ».
« La lente régularisation des processus en cours à l’AIMA bénéficie au patronat qui profite du travail précaire des immigrants en situation irrégulière et favorise les réseaux de trafic humain », mentionnent-ils.
Concernant les modifications de la loi sur la nationalité, ils estiment qu’il s’agit d’un « des plus graves reculs démocratiques des dernières décennies », car « elle retire la possibilité à une génération de jeunes, nés au Portugal, enfants d’immigrés, d’être reconnus comme faisant partie du pays où ils sont nés et ont grandi ».
En revanche, la création de l’UNEF, « avec des pouvoirs renforcés de surveillance, de contrôle et d’exécution des déportations, renforce une logique de surveillance sur les immigrés » et « consolide ainsi l’idée, déjà présente lors de la législature précédente, que la population migrante est un risque sur le territoire national », ajoutent encore les associations, considérant que ces « lois ne promeuvent pas l’intégration, mais bien une sélection, une exclusion et une persécution institutionnalisée ».
Dans le document, parmi d’autres propositions, les signataires demandent « des politiques dédiées aux communautés immigrées », le « renforcement de la médiation culturelle et linguistique dans les écoles publiques et au SNS, avec continuité et dignité professionnelle », « un investissement réel et durable dans l’enseignement du Portugais Langue Non Maternelle, également pour adultes, comme un droit et non comme un filtre d’exclusion », et « une lutte plus efficace et permanente contre le trafic d’êtres humains à des fins d’exploitation professionnelle ».
En outre, les associations demandent « des mesures concrètes contre la violence policière » et la « réalisation d’une étude indépendante sur la prévalence des comportements racistes et discriminatoires dans les structures de police et autres forces de sécurité, publiques et privées ».
Ce document est signé par plusieurs associations comme le Front Anti-Raciste, SOS Racisme, le mouvement Vida Justa, Renouveler la Mouraria, la Maison du Brésil de Lisbonne ou l’association culturelle Moinho da Juventude.