Le géant gazier russe Gazprom fait face à une crise profonde.

Le géant gazier russe Gazprom fait face à une crise profonde.
Image de Portugal France
Portugal France

Le bras droit du Président russe, Vladimir Poutine, au cours du dernier quart de siècle a récemment entamé un profond processus de restructuration, car l’alternative chinoise n’a pas encore répondu aux attentes.

 

Les recettes du flanc européen, qui représentaient 40% du total, ne sont plus seulement interdites ; l’approvisionnement par les gazoducs Nord Stream est pratiquement impossible à reprendre en raison des dommages subis après les explosions de 2022.

Cette année a également commencé avec la fermeture du gazoduc traversant l’Ukraine, laissant uniquement quelques approvisionnements vers l’Europe via le gazoduc qui passe par la Turquie, mais cela ne génère pas suffisamment de revenus pour compenser les grandes pertes subies.

En comparaison, la Russie exporte quotidiennement environ 50 millions de mètres cubes de gaz vers l’Europe via le TurkStream, contre presque 500 millions de mètres cubes en 2020.

Un des problèmes rencontrés par les experts dans l’analyse des données des entreprises russes est leur manque de transparence et de comptabilité.

À ce sujet, Alexandre Diukov, l’un des principaux cadres du conglomérat Gazprom, a déclaré aujourd’hui au Forum économique international de Saint-Pétersbourg que la société gazière tente également de mieux se coordonner avec le gouvernement et de devenir plus transparente, ne serait-ce que vis-à-vis du ministère des Finances.

« Cela va accroître la confiance mutuelle entre les sociétés pétrolières et le ministère, ainsi que permettre de prendre des décisions fiscales plus efficaces, » a-t-il affirmé.

Mais en 2023, alors que Gazprom employait directement et indirectement près d’un demi-million de personnes, elle a enregistré ses premières pertes depuis 1999, un record négatif de 583 000 milliards de roubles (plus de 7 milliards de dollars).

D’autre part, les données comptables présentées en mars dernier concernant 2024 contredisent diamétralement celles présentées un mois plus tard, avec des pertes de plus d’un trillion de roubles (plus de 15 milliards de dollars) transformées en bénéfices nets d’environ le même montant.

Selon des documents internes de l’entreprise, les mauvais résultats ont conduit le consortium à initier un plan de transformation sans précédent incluant une réduction du nombre d’employés de son siège à Saint-Pétersbourg de 4 100 à 2 500 (presque 40%), la fermeture de bureaux internationaux comme Bruxelles et Tokyo, entre autres mesures, ainsi que la fermeture de filiales et la vente d’actifs.

L’année dernière, l’entreprise a annoncé la vente de nombreux actifs, y compris des biens immobiliers de luxe, comme le siège de la filiale Gazprom Exports, un bâtiment historique à côté du Théâtre Alexandrinsky, au centre de Saint-Pétersbourg, ainsi que des maisons de vacances offertes comme récompenses à ses employés.

D’autres projets de transformation peuvent également inclure la diversification, lorsque en avril elle a annoncé qu’elle produirait des appareils électroménagers Bosch sans l’autorisation de l’entreprise allemande.

Paradoxalement, le raccordement domestique et l’accès au gaz était une des priorités de Gazprom, mais celle-ci s’est réorientée vers des recettes d’exportation faciles pour l’Occident, reportant pendant des décennies l’approvisionnement en gaz de toutes les régions de la Russie.

Maintenant, avec le marché occidental fermé, où la société gazière russe avait concentré la plupart de ses efforts, elle est obligée de se réorienter vers la Chine et le marché intérieur, ce projet échoué et non réalisé.

Les accords récents signés entre le Président russe, Vladimir Poutine, et le homologue chinois, Xi Jinping, donnent espoir au projet de Gazprom avec la construction d’un gazoduc (Siberian Force-2) d’une capacité de 50 000 millions de mètres cubes par an, car les 38 000 millions de mètres cubes du actuel Siberian Force-1 sont insuffisants pour satisfaire l’industrie du voisin asiatique.

Cependant, cette valeur reste également en deçà des recettes de Gazprom, car des experts comme Mikhaïl Kroutikhine soulignent que la Chine achète du gaz russe à un prix très réduit, tout comme ses partenaires post-soviétiques de la Communauté des États indépendants, à qui ils vendent du gaz jusqu’à trois ou quatre fois en dessous du prix fixé pour les clients d’Europe centrale.

Par ailleurs, la gazéification de l’intérieur de la Russie s’est concrétisée en avril avec l’annonce du projet de gazoduc Belogorsk-Khabarovsk, long de 828 kilomètres, qui raccordera également les lignes des Forces Sibériennes.