« Bien que l’ampleur exacte de l’impulsion budgétaire liée à la défense demeure incertaine, les implications pour la durabilité des finances publiques dans les pays de la zone euro ayant une dette publique élevée doivent être soigneusement considérées », indique le Conseil Européen des Finances Publiques (CEFP) dans son rapport annuel sur la performance de la zone monétaire unique, publié aujourd’hui.
Le CEFP affirme que « les simulations suggèrent que des augmentations des dépenses de défense financées par la dette peuvent entraîner une augmentation significative de la dette en pourcentage du PIB [Produit Intérieur Brut] à moyen et long terme, pouvant inverser les progrès attendus dans la réduction de la dette, sauf si des mesures compensatoires sont adoptées ».
Bien que la dette publique portugaise ait diminué ces dernières années, elle reste l’une des plus élevées en termes de ratio dette/PIB parmi les pays de l’Union Européenne (UE).
À ce sujet et pour les autres pays de l’euro, l’organisme consultatif suggère que, « en excluant la dépense de défense, il est approprié de maintenir une politique budgétaire restrictive en 2026, conformément aux recommandations du Conseil de janvier 2025 ».
Cette position intervient le jour où le Portugal et neuf autres pays de l’UE (Pologne, France, Lituanie, Estonie, Roumanie, Bulgarie, Slovaquie, Grèce et Lettonie) ont déjà manifesté à la Commission Européenne leur intérêt à recourir au programme européen de 150 milliards d’euros en prêts à conditions favorables pour renforcer la défense.
Ce nouvel instrument européen de crédit en circonstances extraordinaires est l’une des mesures du plan de 800 milliards d’euros pour la défense dans l’UE.
Dans ce même plan européen sont inclus 650 milliards d’euros de marge budgétaire que les pays peuvent utiliser pour investir dans la défense, suite à l’activation de la clause nationale de sauvegarde des règles budgétaires de l’UE, qui permet d’exclure jusqu’à 1,5 % du PIB en dépenses militaires des limites du déficit. Lisbonne a déjà reçu le feu vert de Bruxelles pour ce faire.
Dans le rapport, le CEFP précise que « la flexibilité offerte par les clauses de sauvegarde nationales doit être strictement limitée à l’augmentation des dépenses de défense ».
« Pour renforcer la crédibilité de leurs finances publiques, les États membres qui recourent à la clause de sauvegarde nationale doivent présenter des stratégies robustes à moyen terme pour financer une dépense de défense perpétuellement plus élevée, commençant par les plans budgétaires préliminaires pour 2026 », propose-t-il.
Selon cette entité créée pour renforcer le cadre de gouvernance économique de l’UE, « ces stratégies à moyen terme doivent inclure des ajustements proportionnels du côté des dépenses et/ou des recettes des budgets nationaux ».
Le rapport a été publié un jour avant le début du sommet de deux jours de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), marqué par de fortes tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Ukraine et par la nécessité d’augmenter l’investissement en sécurité.
Dans le document, le CEFP mentionne également que la zone euro « fait face à un environnement exceptionnellement volatil, impulsé par des réajustements géopolitiques, avec une variance beaucoup plus grande que d’habitude dans les résultats économiques et budgétaires possibles ».
Le CEFP est un organisme consultatif indépendant créé par la Commission Européenne en 2016 pour évaluer l’application des règles budgétaires de l’UE, notamment si la politique budgétaire des pays est adéquate en termes macroéconomiques.