Le nombre d’enfants ne fréquentant pas l’école diminue progressivement, mais « l’univers des boursiers issus des familles les plus démunies est en baisse », révèle le rapport ‘Bilan Annuel de l’Éducation 2025’ publié aujourd’hui, qui dresse un portrait de l’éducation au Portugal ces dernières années.
Le réseau éducatif devient de plus en plus universel, néanmoins les fonds alloués à l’action sociale scolaire (ASE) dans l’éducation primaire et secondaire restent « à des niveaux absolus très similaires à la période pré-pandémique », indique l’étude diffusée aujourd’hui et développée par Edulog, le ‘think tank’ pour l’éducation de la Fondation Belmiro de Azevedo.
Pour les chercheurs, cela signifie une « baisse réelle des dépenses de l’État pour l’action sociale scolaire », qui « cache une diminution marquée du nombre de bénéficiaires » les plus pauvres entre la crise financière et la crise pandémique, c’est-à-dire ceux qui correspondent aux niveaux A et B.
Entre l’année scolaire 2018/2019 et 2023/2024, le pourcentage d’élèves du 2e cycle bénéficiant de l’ASE A est passé de 20,5% à 17,4% et dans le 3e cycle, de 17,8% à 14,8%.
Dans l’enseignement secondaire, le pourcentage d’élèves les plus démunis bénéficiant d’un soutien est passé de 9,2% à 7,6%, selon le tableau présenté dans l’étude qui se base sur des données d’établissements d’enseignement du Portugal continental de la Direction Générale des Statistiques de l’Éducation et de la Science (DGEC).
« Ce schéma d’évolution est en partie associé au décalage progressif des seuils d’éligibilité qui découle de leur non-ajustement progressif, avec un impact plus fort sur les familles relativement plus démunies. Plus récemment, le nombre de bénéficiaires a augmenté grâce à la hausse du nombre de bénéficiaires en niveau C », indique le rapport.
Les chercheurs avertissent également des dangers d’avoir moins d’élèves du secondaire soutenus à un « moment critique de transition », lorsque le risque d’abandon scolaire est plus élevé ainsi que le danger qu’ils renoncent à poursuivre des études supérieures.
Dans l’enseignement supérieur, les élèves bénéficiant de l’ASE et les boursiers ont augmenté et « les taux de couverture restent stables ou en légère baisse ».
L’action sociale peut se traduire par des bourses d’études mais aussi par la réduction des coûts ou l’amélioration des conditions de fréquentation dans le supérieur. Et dans ces cas, on note un renforcement du financement par rapport à la période pré-pandémique, surtout depuis 2023, lorsque les seuils d’éligibilité ont augmenté.
En une décennie (entre 2011/12 et 2021/22), le nombre total de bourses attribuées aux étudiants de l’enseignement supérieur est passé d’un peu plus de 56 000 à 85 892, ce qui représente une augmentation de plus de 50%, selon les données du ministère pour 2024.
Néanmoins, les familles continuent d’assumer une part « relativement élevée des dépenses » tant au niveau préscolaire que dans l’enseignement supérieur, ce qui représente un « effort très significatif des familles ».
Comparé à la moyenne de l’OCDE, les Portugais font face à une facture bien plus élevée tant au niveau préscolaire (33% contre une moyenne de 12,5% dans l’OCDE) que dans l’enseignement supérieur (26,7% vs. 19,2%).
Les chercheurs avertissent que cet effort financier pourrait poser des problèmes d’équité à ces deux niveaux d’éducation.
L’étude examine également l’évolution du financement de l’éducation : Entre 2019 et 2023, il y a eu une augmentation réelle de l’investissement public d’environ 6,6%, avec la plus forte augmentation relative dans le cadre de l’enseignement préscolaire, du 1er et 2e cycle de l’enseignement de base (16,6%) et dans l’enseignement supérieur (12,9%).
Le vieillissement de la classe enseignante n’est pas oublié, les chercheurs soulignant l’augmentation des enseignants âgés de plus de 50 ans à tous les niveaux d’enseignement : Pour l’année scolaire 2022/2023, environ 60% des enseignants du 2e et 3e cycle ainsi que de l’enseignement secondaire avaient 50 ans ou plus, un chiffre qui descend à 56,1% dans le préscolaire et à 44,5% dans le 1er cycle.