Dans le document ‘Intégration et Inclusion des Immigrants – La priorité’, remis aujourd’hui en main propre à Marcelo Rebelo de Sousa et déjà envoyé au gouvernement, qui « n’a pas encore répondu », les signataires admettent que « ce n’est pas une feuille de route facile, car les niveaux de polarisation dans la société portugaise ont atteint des dimensions jusqu’ici inimaginables ».
« Les accusations mutuelles, le blâme des autres ou la déresponsabilisation facile n’aideront pas à trouver des chemins communs. Nous devons nous unir sur l’essentiel, afin que la priorité soit désormais l’intégration et l’inclusion des immigrants correctement encadrés dans leur processus de régularisation, sans oublier les plus vulnérables, pour le bien de tous », écrivent les signataires, comprenant d’anciens hauts commissaires aux migrations, des universitaires et des dirigeants associatifs.
Le groupe a été reçu aujourd’hui par le Président de la République, qui « a bien accueilli les préoccupations », lesquelles « sont en accord avec les opinions » de Marcelo Rebelo de Sousa, a affirmé le porte-parole, Rui Marques, après l’audience.
Pour les auteurs du document, « l’intégration et l’inclusion des immigrants doivent occuper une place de choix dans la politique migratoire nationale, plutôt que de se concentrer exclusivement sur la régulation des flux et les processus de régularisation ».
Selon Consenso Imigração, « une grande attention a été accordée aux thèmes de la régulation des flux d’entrées d’immigrants et de la régularisation de la situation de nombreux processus de légalisation en suspens, mais ce travail devrait inclure une politique migratoire globale et holistique reconnaissant et valorisant la contribution des migrants au dynamisme économique, démographique et social, incluant nécessairement la dimension de l’intégration et de l’inclusion ».
Pour financer ces propositions, les auteurs préconisent de réinvestir dans l’intégration et l’inclusion des immigrants « l’équivalent de 50 centimes pour chaque euro des recettes propres de l’AIMA [Agence pour l’Intégration, les Migrations et l’Asile] avec les immigrants ».
Ainsi, « des mesures plus spécifiques et robustes seraient possibles, permettant une plus grande cohésion sociale et une pleine intégration et inclusion », écrivent-ils, plaidant pour que « la somme soit déjà inscrite dans le Budget de l’État pour 2026 et que son exécution soit suivie en détail par le Conseil National pour les Migrations et l’Asile ».
Les signataires rappellent que par le passé « l’expérience du Portugal dans la promotion de l’intégration des migrants a déjà été une référence internationale et le pays doit retrouver l’ambition de récupérer ce statut en servant d’exemple », et défendent le retour des « Plans Nationaux d’Intégration des Immigrants (dont le dernier s’est terminé en 2023, après avoir été ininterrompu depuis 2007), ainsi que des Plans Municipaux d’Intégration des Immigrants », documents « dynamisés par différents gouvernements et municipalités, de forces politiques différentes », cherchant une « vision nationale commune de valorisation des migrations comme élément dynamiseur de développement ».
Pour les auteurs, « le focus exclusif sur la régulation des flux et la régularisation des processus administratifs comporte un énorme risque : l’oubli de l’importance de l’intégration et de l’inclusion des immigrants ».
Parmi les propositions, le groupe défend également la valorisation de la « Langue portugaise comme condition essentielle d’intégration et un modèle d’éducation interculturelle permettant une pleine intégration des enfants d’immigrants, avec des réponses qui promeuvent l’équité et la cohésion, dans un cadre d’égalité des chances pour tous ».
De plus, les auteurs demandent « la médiation interculturelle comme stratégie essentielle pour construire des ponts, mobilisant les immigrants eux-mêmes, et plus d’attention aux dynamiques de l’accès au logement dans des conditions dignes, sans traitement préférentiel des immigrants par rapport aux autochtones, mais aussi sans discrimination ou acceptation de l’exploitation de leurs vulnérabilités ».
Créé à la mi-juin, ce groupe comprend quatre anciens hauts commissaires, l’ancienne secrétaire d’État Catarina Marcelino, les chercheuses Lucinda Fonseca et Catarina Reis Oliveira, et les dirigeants associatifs Eugénia Quaresma et Paulo Mendes.