Après avoir déclaré à quelques télévisions, en quittant sa maison, qu’il ne parlerait aux médias qu’à l’entrée du tribunal, l’arrivée de l’ancien Premier ministre (entre 2005 et 2011) au Tribunal central criminel de Lisbonne a provoqué une certaine confusion.
Pratiquement sans partisans ni détracteurs pour l’attendre au Campus de la Justice, José Sócrates a été entouré par plusieurs dizaines de journalistes, cameramen et photographes dès son arrivée, vers 09h00 et, en raison de l’agitation, il a mis plusieurs minutes à parcourir les quelques mètres jusqu’à l’entrée du tribunal, où il a déclaré qu’il ferait une déclaration, suscitant des critiques et des demandes de la part des professionnels : « Laissez-moi passer, je ne peux même pas voir le chemin ».
Après plus de 20 minutes de déclaration aux journalistes, José Sócrates est entré dans le tribunal, mais non sans avoir entendu l’appel d’un citoyen : « Monsieur l’ingénieur, j’ai toujours été en votre faveur, mais vous devriez assumer votre responsabilité ».
José Sócrates, initialement accusé de 31 crimes, répondra de 22, parmi lesquels trois de corruption passive de titulaire de charge politique, 13 de blanchiment de capitaux et six de fraude fiscale qualifiée.
L’ami de l’ancien Premier ministre et homme d’affaires Carlos Santos Silva est l’accusé ayant le plus de crimes imputés par l’accusation du ministère public, répondant de 23 crimes, contre les 33 initiaux, dont un crime de corruption passive de titulaire de charge politique, un de corruption active, 14 de blanchiment de capitaux et sept de fraude fiscale qualifiée.
Parmi les accusés figure également l’ex-banquier de la défunte Banco Espírito Santo, Ricardo Salgado, qui répond de trois crimes de corruption active, dont un de titulaire de charge politique, et huit crimes de blanchiment de capitaux.
Ricardo Salgado a déjà répondu en justice dans un processus extrait de l’Opération Marquês, ayant été condamné pour abus de confiance à huit ans de prison ferme, une peine dont l’exécution a été conditionnée à l’évaluation de l’état de santé de l’ex-banquier, diagnostiqué avec Alzheimer.
Un autre des accusés déjà condamnés dans des processus extraits du procès principal est Armando Vara, ancien ministre d’António Guterres et ex-administrateur de la Caixa Geral de Depósitos, qui dans le procès principal répondra d’un crime de corruption passive de titulaire de charge politique et d’un crime de blanchiment de capitaux.
Répondront également devant le collectif dirigé par Susana Seca deux anciens administrateurs de la défunte Portugal Telecom, Zeinal Bava et Henrique Granadeiro, Rui Horta e Costa, ancien administrateur du projet de luxe en Algarve Vale de Lobo, l’homme d’affaires luso-angolais Helder Bataglia, le cousin de Sócrates, José Pinto de Sousa, l’ex-épouse de l’ancien Premier ministre, Sofia Fava, ainsi que l’ex-chauffeur de l’ancien gouvernant, João Perna.
Le 21 novembre 2014, José Sócrates a été arrêté à l’aéroport de Lisbonne alors qu’il revenait de Paris. Cette situation, inédite au Portugal, était fondée sur des soupçons de crimes de corruption, fraude fiscale, blanchiment de capitaux, confirmés par le Parquet général de la République (PGR) ce même jour, dans un communiqué dans lequel il annonçait l’enquête de l’Opération Marquês, dirigée par le Département central d’enquête et d’action pénale (DCIAP), alors dirigé par l’actuel procureur général de la République, Amadeu Guerra.