Bruxelles adapte le budget de l’UE aux nouvelles priorités. Et le Portugal ?

Bruxelles adapte le budget de l'UE aux nouvelles priorités. Et le Portugal ?
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La Commission européenne proposera mercredi un budget de l’Union européenne (UE) 2028-2035 adapté aux nouvelles priorités de défense et de croissance économique, le Portugal demandant la sauvegarde des anciennes politiques de cohésion et agricole.

 

Mercredi, la présidente de l’exécutif communautaire, Ursula von der Leyen, présentera à la presse à Bruxelles le premier paquet de propositions sur le prochain Cadre Financier Pluriannuel (CFP) 2028-2035 et, comme l’institution l’avait déjà mentionné dans une communication diffusée en février dernier, « les nouveaux défis et attentes en matière d’action de l’UE exigent de reconsidérer le fonctionnement du budget de l’UE afin de l’adapter à l’avenir ».

« L’objectif d’une Europe libre, démocratique, forte, sécurisée, prospère et compétitive nécessite un budget de l’UE réformé et renforcé – plus simple, plus flexible, plus orienté et avec un impact plus important », a indiqué l’institution dans la position adoptée à l’époque.

Concrètement, la Commission européenne souhaite « un budget moderne de l’UE avec un plan pour chaque pays comprenant des réformes et des investissements fondamentaux, conçu et exécuté en partenariat avec les autorités nationales, régionales et locales », incluant un Fonds européen pour la compétitivité, un financement renouvelé de l’action extérieure, des sauvegardes sur l’État de droit et des recettes modernisées pour soutenir des priorités communes.

La présentation de la proposition intervient à un moment de tensions géopolitiques telles que la guerre en Ukraine causée par l’invasion russe et de fortes pressions commerciales avec le principal partenaire économique de l’UE, les États-Unis, un contexte qui a déjà conduit respectivement le bloc communautaire à vouloir renforcer sa défense et à diversifier ses partenariats.

Dans une prise de position à laquelle Lusa a eu accès, le gouvernement portugais souligne que « le prochain CFP doit être suffisamment ambitieux, garantissant la stabilité des politiques actuelles et la réponse aux nouveaux défis ».

« L’augmentation des nouveaux domaines de dépenses dans les prochaines années ne peut se faire au détriment des politiques existantes et des principes fondamentaux de l’Union », souligne le Portugal dans le document daté de début juillet, en faisant référence aux fonds de la politique de cohésion et de la politique agricole commune (PAC), qui selon lui « doivent rester autonomes ».

Pour le pays, « il est essentiel d’adopter une approche globale, tenant compte de tous les éléments du côté des dépenses et des recettes », le gouvernement proposant une augmentation des contributions nationales (au-delà de 1% du revenu national brut), des mécanismes basés sur l’émission de dette commune et la réduction des charges administratives.

« La cohésion n’est pas une alternative à la compétitivité et à la croissance économique », défend le Portugal.

Le pays considère également la PAC comme un « instrument essentiel ».

En termes de compétitivité économique, on estime que l’UE doit investir 800 milliards d’euros par an, soit l’équivalent de 4% du Produit Intérieur Brut (PIB), pour combler les déficits d’investissement et les retards en matière industrielle, technologique et de défense par rapport aux principaux concurrents, les États-Unis et la Chine.

En ce qui concerne la défense, en 2024, les États membres de l’UE ont dépensé environ 326 milliards d’euros en défense, ce qui correspond à environ 1,9% du PIB de l’UE.

On estime que ces dépenses augmenteront de plus de 100 milliards d’euros en termes réels d’ici 2027, ce qui implique des dépenses totales de l’ordre de 426 milliards d’euros jusqu’à cette année-là.

La Commission européenne estime que l’UE doit investir 500 milliards d’euros au cours de la prochaine décennie pour soutenir l’Ukraine face à la Russie et renforcer ses capacités militaires après des décennies de sous-investissement.

Après la présentation de la proposition, des négociations débuteront avec les colégislateurs — députés européens (Parlement) et États membres (Conseil) –, l’objectif étant que le processus de négociation soit conclu d’ici 2026.

Le budget actuel de l’UE à long terme dispose de 1,21 billion d’euros en autorisations (aux prix de 2018).