Un rapport d’analyse du Tribunal de comptes européen (TCE) publié aujourd’hui met en lumière l’importance d’investir massivement dans le réseau électrique de l’UE pour soutenir la transition énergétique et moderniser une infrastructure vieillissante.
Le rapport indique qu’avec le rythme actuel, les investissements prévus s’élèveraient à 1 871 milliards d’euros entre 2024 et 2050. Cependant, ce montant reste inférieur aux besoins estimés par la Commission européenne, qui se situent entre 1 994 milliards et 2 294 milliards d’euros.
Le TCE avance que ces besoins pourraient être réduits en rendant le réseau et l’ensemble du système électrique plus flexibles. L’ambition de l’UE d’atteindre la neutralité carbone et de renforcer son indépendance énergétique est une opportunité pour promouvoir des solutions efficaces.
Néanmoins, le tribunal met en avant plusieurs obstacles ralentissant les investissements, tels que la lenteur des processus de licences, le manque d’acceptation publique, la rareté de l’équipement, des matériaux et de la main-d’œuvre qualifiée, ainsi qu’une planification de réseau inefficace et fragmentée.
Le TCE recommande donc de simplifier le processus de licences, d’utiliser des technologies modernes, de promouvoir la formation et l’amélioration des compétences pour pallier la pénurie de main-d’œuvre, et d’accroître la flexibilité pour éviter les pics extrêmes, les fluctuations et l’imprévisibilité de l’offre et de la demande.
À titre d’exemple, le TCE mentionne une stratégie de flexibilité mise en place en 2022 au Portugal, où E-REDES, le principal opérateur de réseau de distribution, a lancé une enchère de marché local de flexibilité dans huit zones pour évaluer la disponibilité des utilisateurs à ajuster leur production ou consommation d’électricité contre rémunération. Cette initiative était ouverte aux consommateurs directs et aux entités regroupant de plus petits consommateurs.
Le premier appel d’offres a recueilli 623 candidatures de 21 entités différentes, principalement des clients industriels. Les options de flexibilité nécessitant un préavis d’une semaine ont suscité le plus d’intérêt, surpassant celles demandant des délais d’activation plus courts.
Le rapport du TCE propose également l’adoption de systèmes de compteurs et d’appareils intelligents permettant le suivi à distance, en temps réel, la communication et le contrôle de l’utilisation d’électricité, ainsi que l’interopérabilité des données. Le Portugal se classe 13e parmi les 27 pays de l’UE pour le déploiement de compteurs intelligents, avec un taux de 86 %.
Le rapport souligne aussi l’importance de renforcer les interconnexions électriques entre les États membres, une demande depuis longtemps portée par le Portugal et l’Espagne, mais entravée par la France.
Sur ce point, le Premier ministre portugais, Luís Montenegro, a plaidé il y a environ deux semaines pour augmenter à 15 % d’ici 2030 l’interconnexion énergétique du Portugal avec le reste de l’UE, grâce à la construction de nouvelles interconnexions.
Le Portugal dispose d’un réseau électrique comprenant près de 235 000 kilomètres pour la distribution et de 9 400 kilomètres pour le transport. Ce réseau est géré par 13 opérateurs et dessert 6,5 millions de clients.