Les organisations non-gouvernementales (ONG) arrivent à la 4e Conférence internationale sur le financement au développement (FFD4) de l’Organisation des Nations Unies (ONU) « pas totalement frustrées » car « il reste encore beaucoup de travail à faire » durant les quatre jours de l’événement, a déclaré à Lusa la présidente de la Plateforme Portugaise des ONG pour le Développement (PPONGD), Carla Paiva.
Dans la déclaration finale qui sera adoptée lors de la conférence, connue sous le nom de « Compromis de Séville » et déjà négociée au sein de l’ONU, les demandes des pays bénéficiaires de l’aide publique internationale au développement, telles que la création d’une nouvelle convention des Nations Unies pour cette question, n’ont pas été prises en compte, a-t-elle souligné.
Carla Paiva a rappelé qu’il existe un consensus pour que les décisions « soient participatives », que les pays bénéficiaires des aides soient davantage inclus dans les processus de décision et que « leurs priorités soient entendues ».
La présidente de la PPONGD a souligné qu’il y a actuellement « urgence à réformer l’architecture de la coopération internationale et l’architecture du financement pour le développement », un objectif assumé par la FFD4.
Pour Carla Paiva, 2025 doit être « l’année du changement » afin de concrétiser les objectifs de développement durable assumés dans l’agenda 2030 par la communauté internationale.
« Nous sommes loin d’atteindre les objectifs et les recommandations des Nations Unies, mais il est toujours temps d’agir », a-t-elle affirmé, soulignant que la voix et le rôle de la société civile, comme le financement au développement, ont été diminués et menacés ces dernières années, mais sont essentiels pour des processus plus durables et pour dénoncer et s’insurger contre les reculs.
En ce qui concerne l’absence des États-Unis à Séville et les réductions du nouveau gouvernement américain de Donald Trump à l’aide humanitaire et aux programmes de développement, Carla Paiva a reconnu l' »impact désastreux » au niveau mondial.
Toutefois, elle a soutenu qu’il est possible de réformer la coopération internationale et le financement au développement sans les États-Unis.
« Le Nord global [pays les plus développés et les plus riches] doit cesser cette tendance à ne pas inclure le Sud global », a-t-elle affirmé.
« Il doit y avoir une concertation de tous les pays pour mettre en place un nouveau système » car l’architecture actuelle « n’est pas viable », surtout lorsque peu de pays respectent l’engagement de consacrer 0,7 % du Revenu National Brut (RNB) à l’aide au développement et que les fonds sont, en outre, détournés vers des domaines qui contredisent les principes de la coopération internationale, tels que le contrôle des frontières ou la défense, a-t-elle ajouté.
Carla Paiva défend qu’il ne peut plus être question de prendre des décisions « sans écouter ceux qui en ont besoin » ou « d’accepter un système fondé sur des dettes souveraines insoutenables » qui empêchent les investissements dans l’éducation, la santé ou la réponse aux changements climatiques.
Selon les données de l’ONU publiées ces derniers jours, la dette publique des pays en développement s’est élevée à 31 mille milliards de dollars (26,5 mille milliards d’euros) en 2024, année où ils ont payé des intérêts record de 921 milliards de dollars.
La présidente de la PPONGD aurait aimé voir davantage de chefs d’État et de gouvernement à Séville, en plus des quelque 60 prévus, estimant qu’un plus grand effort de mobilisation aurait dû être fait pour éviter des interprétations de manque de reconnaissance de l’importance de cette conférence.
Néanmoins, la PPONGD considère que Séville est une opportunité et maintient « l’espoir que les engagements pris seront respectés malgré tous les indicateurs semblant vouloir mener dans la direction opposée ».
Plus de 60 dirigeants mondiaux et 4 000 représentants de la société civile se réunissent de lundi à jeudi à Séville pour tenter de relancer l’aide au développement, qui connaît actuellement un déficit de quatre mille milliards de dollars annuels (environ 3,4 mille milliards d’euros), selon l’ONU.
À l’occasion de la conférence, la PPONGD a lancé un « manifeste de la société civile pour la justice mondiale » dans lequel elle exige que Séville soit « un point de bascule » et se traduise par « des actions concrètes » pour un « financement juste et transparent » et une « gouvernance mondiale inclusive », proposant des initiatives telles que la création de la Convention de l’ONU sur la coopération internationale pour le développement, de nouveaux mécanismes multilatéraux de résolution des dettes souveraines au sein de l’ONU ou un financement supplémentaire pour la question climatique.