Le Portugal et neuf autres pays de l’Union européenne (UE) ont déjà exprimé leur intérêt à la Commission européenne pour recourir au programme européen de 150 milliards d’euros de prêts à des conditions favorables pour renforcer la défense.
Cette information a été partagée par des sources européennes, indiquant que le Portugal, ainsi que la Pologne, la France, la Lituanie, l’Estonie, la Roumanie, la Bulgarie, la Slovaquie, la Grèce et la Lettonie, ont manifesté un « fort intérêt » pour obtenir ces prêts.
Les mêmes sources ont souligné qu’il n’y a pas encore eu de formalisation, puisque la date limite pour cela est la fin juillet, et qu’il n’existe pas encore d’enveloppes de répartition.
Dans une interview à l’agence Lusa publiée le week-end, le ministre des Finances, Joaquim Miranda Sarmento, a admis que le gouvernement pourrait recourir au programme et a défendu les achats conjoints dans l’UE, notamment pour la vente d’un avion militaire produit au Portugal.
« Il est possible que […] nous ayons recours à SAFE, bien que les conditions de financement de SAFE, à l’heure actuelle, ne soient pas particulièrement plus favorables que les conditions de financement de la République [portugaise], mais nous analysons toutes les alternatives existantes », a déclaré Joaquim Miranda Sarmento.
À quelques jours du sommet de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN), marqué par de fortes tensions géopolitiques au Moyen-Orient et en Ukraine et par la nécessité d’accroître les investissements en matière de sécurité, le responsable gouvernemental a également indiqué qu' »il y a un avion militaire produit au Portugal et le [Ministère de] la Défense développe actuellement des accords avec d’autres pays pour l’achat de cet avion ».
L’idée serait non seulement que le Portugal profite de ces prêts communautaires (initiative désignée sous le nom de SAFE), mais qu’il participe également à des projets européens, tout en pouvant vendre des équipements produits dans le pays.
« Ce que fait le ministère de la Défense […] c’est d’établir des protocoles avec d’autres pays pour que ces pays puissent acquérir cet avion majoritairement produit au Portugal », a souligné Joaquim Miranda Sarmento lors de l’interview à Lusa.
Le ministre des Finances faisait référence au KC-390, un avion bimoteur produit avec des composants fabriqués à Évora et par l’entreprise brésilienne Embraer.
C’est un avion de transport militaire polyvalent utilisé pour des opérations tactiques et logistiques, et grâce à sa portée intercontinentale, il peut être utilisé dans des opérations militaires, notamment de l’OTAN.
À la fin du mois de mai, le Conseil de l’UE a adopté ce paquet de 150 milliards d’euros de prêts à des conditions favorables pour des achats conjoints renforçant la défense communautaire, que les pays peuvent solliciter à Bruxelles d’ici la fin de l’année.
Il est prévu que ce paquet de prêts, désigné SAFE, facilite les achats conjoints de matériel militaire entre les États membres et soit financé par une dette conjointe émise par l’UE, ensuite transférée sous forme de crédits aux États membres qui en font la demande.
Ce nouvel instrument européen de crédit en circonstances extraordinaires est l’une des mesures du plan de 800 milliards d’euros pour la défense dans l’UE.
Ce plan européen inclut également 650 milliards d’euros d’espace budgétaire que les pays peuvent utiliser pour investir dans la défense, après l’activation de la clause nationale de sauvegarde des règles budgétaires de l’UE, qui permet d’exclure jusqu’à 1,5 % du PIB de dépenses militaires des limites du déficit. Lisbonne a déjà eu le feu vert de Bruxelles pour le faire.
Les 32 alliés de l’OTAN se réunissent mardi et mercredi en sommet dans la ville néerlandaise de La Haye sous l’urgence d’augmenter les dépenses en matière de défense.