Conflit entre Israël et Iran complique (encore plus) les liaisons aériennes.

Conflit entre Israël et Iran complique (encore plus) les liaisons aériennes.
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Portugal France

Depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, les compagnies aériennes de l’Union européenne sont interdites de survoler le territoire russe, ce qui a conduit à l’annulation de dizaines de routes et obligé les compagnies à se détourner par des couloirs plus au sud ou par l’Arctique.

Dans le cas des liaisons avec l’Asie de l’Est, comme la Chine, le Japon ou la Corée du Sud, l’impact se traduit par des augmentations allant jusqu’à quatre heures de vol, une consommation de carburant supplémentaire et, par conséquent, une hausse des coûts opérationnels et des prix des billets.

Ces derniers jours, l’intensification du conflit entre Israël et l’Iran, avec le soutien militaire des États-Unis, a aggravé la situation, entraînant la suspension des vols au-dessus de l’Iran, de l’Irak, de la Syrie et d’Israël. Plusieurs compagnies, dont Qatar Airways, Lufthansa et Singapore Airlines, ont ajusté leurs routes ou annulé des liaisons vers la région, invoquant des raisons de sécurité.

Une source d’une grande compagnie aérienne européenne, citée par le journal britannique Financial Times sous anonymat, a déclaré que, bien que les entreprises soient habituées à gérer des fermetures périodiques de l’espace aérien, la situation actuelle est « plus grave », car les compagnies ont désormais un « corridor vraiment petit » pour voler.

Avec les principaux couloirs aériens bloqués au nord et au sud, les vols entre des villes comme Pékin, Shanghai, Séoul ou Tokyo et des destinations en Europe passent maintenant par des voies plus étroites, survolant des pays d’Asie centrale, la Turquie ou la péninsule Arabique. La dépendance à ces corridors augmente la pression sur les contrôles du trafic aérien et transforme toute perturbation locale en une menace pour le flux global.

Les compagnies aériennes chinoises, telles qu’Air China et China Eastern, qui sont toujours autorisées à utiliser l’espace aérien russe, ont toutefois acquis un avantage concurrentiel. Leurs vols sont plus courts et moins chers, leur permettant d’offrir des tarifs jusqu’à 35 % inférieurs à ceux pratiqués par les opérateurs européens sur les mêmes routes, selon une estimation du Financial Times.

Outre l’impact sur le transport de passagers, le secteur logistique connaît également des difficultés, avec des retards dans la livraison des marchandises et une augmentation des coûts de fret.

Le spécialiste Rosen Röhlig a indiqué dans un rapport comment « la fermeture de l’espace aérien russe aux compagnies européennes affecte les envois de fret aérien sur la route Asie-Europe », entraînant des « reculs dans les centres mondiaux et une augmentation des coûts et des retards ».

« La tendance générale est vers un resserrement supplémentaire de la capacité des transporteurs. En conséquence (…), des rotations d’équipage plus longues et une augmentation des coûts de carburant peuvent conduire à des tarifs plus élevés et à des modifications des horaires », a-t-il souligné.

Une étude de l’OCDE a également démontré comment « la fermeture de l’espace aérien russe aux transporteurs de 36 pays a provoqué des augmentations significatives du temps de voyage pour les passagers sur environ 80 % des routes reliant l’Asie à l’Europe ».

La même analyse a souligné que les corridors alternatifs « ne peuvent pas absorber totalement ces flux », entraînant des retards dans la livraison des marchandises et une augmentation des coûts de fret, avec un impact direct sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.

L’Agence européenne pour la sécurité de l’aviation (EASA), qui maintient des mises à jour régulières sur les zones d’exclusion aérienne, a averti que la situation reste volatile, avec le risque de nouvelles fermetures ou d’incidents inattendus.