Bruno Napoleão Gonçalves, agent de la Police de Sécurité Publique (PSP), actuellement en détention provisoire pour recrutement de membres au sein du groupe néonazi Movimento Armilar Lusitano (MAL), figurait comme suppléant sur les listes du parti Ergue-te à l’Assemblée Municipale de Lisbonne lors de l’élection du 26 septembre 2021. L’année suivante, il a été reconnu par l’État et a reçu une médaille d’argent pour “comportement exemplaire”.
Le chef de la PSP apparaissait à la 15ᵉ place de la liste des candidats suppléants du parti ultranationaliste d’extrême droite au conseil municipal, malgré l’incompatibilité avec ses fonctions au sein de cette force de sécurité.
En 2022, le nom de Bruno Napoleão Gonçalves figure sur une liste concernant « l’octroi de la médaille pour comportement exemplaire aux policiers de la PSP pour le 2ᵉ trimestre 2022 ». Un document daté du 3 juillet 2023 indique que l’agent a été récompensé par une médaille d’argent pour “comportement exemplaire,” le 2 avril de l’année précédente.
La Direction Nationale de la PSP ignorait toute liaison politique de l’agent. Elle a rappelé, néanmoins, que l’affiliation est incompatible avec ses fonctions et que l’Inspection Générale de l’Administration Interne (IGAI) a la compétence d’ouvrir une procédure disciplinaire, similaire à celle exercée par la Police Municipale de Lisbonne.
Il est à noter que le chef de la PSP était responsable des entretiens présélectionnés pour le groupe néonazi, qu’il avait fondé lui-même en 2018. Le chauffeur poids lourd Bruno Carrilho, également arrêté mardi, et la sécurité privée Tatiana Lages sont les deux autres ‘esprits’ derrière le collectif.
En milieu d’année 2021, le groupe a commencé à recruter de nouveaux membres, sous la direction du policier et du chauffeur qui utilisaient Telegram et Signal pour diffuser leur message.
Les candidats, qui étaient privilégiés pour leur connaissance des armes ou leur statut de militaires, agents de sécurité ou du secteur de la sécurité privée, devaient remplir des formulaires avec des informations personnelles, répondre à des questionnaires en ligne et passer des entretiens en personne. Tandis que Bruno Gonçalves était chargé des entretiens en personne, Bruno Carrilho évaluait les fiches des candidats qui, s’ils étaient approuvés, étaient ajoutés à des canaux privés.

Le mouvement a attiré des éléments de groupes d’extrême droite, tels que les ‘Gárgulas de Portugal’, ‘Soldiers of Odin’, ‘Nouvel Ordre Portugais’ et ‘Nouvel Ordre Social’, fondé par le néonazi Mário Machado, et a créé des cellules autonomes du nord au sud du pays, achetant des matériaux et équipements pour fabriquer des armes en 3D. Le Ministère Public (MP) est convaincu que l’objectif était de diffuser le rejet des institutions étatiques, portant potentiellement à l’élimination de l’État de droit démocratique.
La Police Judiciaire (PJ) a arrêté, mardi, six suspects appartenant au MAL, dont quatre ont été placés en détention provisoire et deux soumis à l’obligation de présentation périodique.
Quatre des accusés ont été inculpés pour « crime d’infractions liées à un groupe terroriste et chacun également pour des crimes d’infractions terroristes, liées à la détention et à la fabrication d’armes en 3D avec intention terroriste. » Les deux autres détenus, qui seraient les parents de deux des accusés, ont été inculpés pour « crimes communs de détention d’arme prohibée. »
Le MAL ambitionnait de devenir un mouvement politique soutenu par un groupe paramilitaire. Les membres étaient ainsi « en train de s’armer » et de « recruter des personnes », pour garantir qu’ils avaient « la capacité d’entraînement tactique pour une action » à grande échelle.