Cinq ans après le dernier rapport, la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance (ECRI), organe du Conseil de l’Europe, publie aujourd’hui les résultats du travail d’un groupe d’experts indépendants qui a analysé le racisme, la discrimination, la xénophobie, l’antisémitisme et l’intolérance au Portugal.
Les chercheurs concluent que la situation s’est améliorée dans plusieurs domaines, mais certaines questions continuent de les préoccuper. Ils font donc aujourd’hui 15 recommandations aux autorités portugaises.
Parmi ces recommandations, l’ECRI a choisi deux problèmes prioritaires et propose des améliorations : l’un concerne la manière dont les autorités policières et judiciaires traitent les cas de haine, l’autre se concentre sur la situation des Gitans.
Le rapport souligne qu’il existe au Portugal des cas de violence motivée par la haine, impliquant parfois des groupes néonazis. Cependant, les experts accusent la police de ne pas toujours enregistrer les plaintes et de très peu de cas qui débouchent sur des procès.
Parmi les rares affaires qui parviennent à la justice, encore moins aboutissent à des décisions judiciaires. Les experts recommandent l’application de mesures pour améliorer les relations et la confiance entre la police et certains groupes tels que les migrants, les Noirs, les personnes LGBTI ou les Gitans.
L’ECRI exhorte donc les autorités portugaises à créer des protocoles et des procédures opérationnelles standard pour « aider les autorités policières à traiter efficacement les incidents et crimes de haine ».
Outre ces instruments, les experts recommandent également que les agents de police et les professionnels de la justice pénale suivent des programmes de formation spécifiques pour gérer ces questions.
Ceci est l’une des deux principales recommandations de l’étude publiée aujourd’hui, qui porte également une attention particulière aux Gitans.
« Les personnes gitanes, dont la plupart sont des citoyens portugais, demeurent l’un des groupes les plus marginalisés du pays », indique l’étude, qui critique l’existence de quelques projets ponctuels pour ce groupe, avec un « financement limité et une couverture réduite ».
L’un des plus grands problèmes des Gitans reste les conditions de vie dégradantes. Les experts rapportent que les Gitans « vivent dans des quartiers ségrégués, des zones dégradées ou des baraques, souvent sans eau potable, électricité ou assainissement ».
De plus, au cours des cinq dernières années, « peu ou pas de progrès ont été accomplis » et l’ECRI recommande des « mesures rapides et résolues pour garantir des conditions de logement dignes et sûres aux Gitans vivant dans des établissements précaires, y compris les bidonvilles ».
Les experts promettent qu’au maximum dans deux ans, ils engageront un processus de suivi provisoire de ces deux recommandations.
Cependant, l’organe du Conseil de l’Europe reconnaît également l’existence « d’initiatives réussies », comme le programme ROMA Educa, créé pour réduire les cas d’abandon précoce et d’échec scolaire.
Cependant, les défis persistent chez les élèves gitans, « notamment lors de la transition vers l’enseignement secondaire et la lutte contre le décrochage scolaire précoce ».
Depuis le dernier rapport, en 2018, le Portugal a enregistré des progrès dans plusieurs domaines, comme la création d’une nouvelle Commission pour l’égalité et contre la discrimination raciale (CICDR).
Concernant la communauté LGBTI, les chercheurs estiment que le Portugal « a réalisé des progrès significatifs », citant comme améliorations la création d’un plan d’action spécifique, la reconnaissance du droit à l’autodétermination de l’identité de genre et la criminalisation des dites « thérapies de conversion ».
L’adoption, en 2021, du premier Plan national de lutte contre le racisme et la discrimination du Portugal est également saluée dans l’étude, qui souligne les actions pour combattre le discours de haine et les crimes de haine.