Les bâtiments en zone inondable dans le rapport sur l’aménagement « sont sous-évalués ».

Les bâtiments en zone inondable dans le rapport sur l'aménagement "sont sous-évalués".
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Dans sa version post-discussion publique, le Rapport sur l’État de l’Aménagement du Territoire (REOT) 2024 met en lumière les risques associés aux inondations comme une des vulnérabilités critiques du Programme National de Politique d’Aménagement du Territoire. En 2021, il existait 26 540 bâtiments classiques situés dans des zones sujettes aux inondations, ce qui représente 0,8 % du total des bâtiments de ce type sur le continent.

 

Selon le géographe José Luís Zêzere, la définition des zones inondables dépend fortement « de la cartographie utilisée pour représenter les lits de crue ». La Direction Générale du Territoire (DGT) s’appuie « sur la cartographie des zones d’inondation produite et diffusée par l’APA [Agence Portugaise de l’Environnement] ».

« La cartographie fournie par l’APA, utilisée pour élaborer les Plans de Gestion des Risques d’Inondation (PGRI), ne couvre pas toutes les zones susceptibles d’inondation dans le pays », mais concerne celles qui ont déjà rencontré « des problèmes d’inondation au cours d’une période relativement courte au XXIe siècle », a expliqué l’expert de l’Institut de Géographie et d’Aménagement du Territoire (IGOT) de l’Université de Lisbonne.

« De ce fait, certaines bassins hydrographiques qui ont eu, par le passé, de sérieux problèmes de crues, y compris mortels, ne sont pas couverts par cette analyse », a-t-il ajouté.

Directeur du Centre d’Études Géographiques, il a également précisé que « le chiffre des bâtiments est largement sous-estimé », sachant que « dans la seule région de Lisbonne et Vallée du Tage, qui inclut la Métropole de Lisbonne, la région Ouest, la Lezíria et le Moyen Tage », on recense « un nombre de bâtiments équivalent presque à celui-ci ».

Le géographe souligne que le rapport mentionne 180 000 hectares de zones inondables, en estimant que, à l’échelle nationale, « la valeur réelle est probablement le double » et que « les chiffres sont sous-évalués » pour les zones inondables, « les bâtiments existant dans les lits de crue étant également plus nombreux ».

À titre d’exemple, dans la région de Lisbonne, José Luís Zêzere souligne que la « Ribeira das Vinhas à Cascais, la Ribeira da Laje à Oeiras, ou le Rio Jamor » ne sont pas mentionnés.

Le rapport précise que les municipalités ayant la plus grande proportion de bâtiments en zones susceptibles d’inondation sont la Golegã (district de Santarém) avec 39 %, Vila Real de Santo António (Faro) avec 32 %, et Murtosa (Aveiro) avec 19 %, ces chiffres figurant déjà dans le REOT 2022.

En 2011, 13 852 bâtiments étaient situés dans des zones inondables, représentant 0,4 % du total de cette typologie sur le continent. En 2021, avec l’extension du territoire potentiellement susceptible d’inondation, ce chiffre est passé à 26 540.

Les nouveaux critères de l’APA après 2018 ont élargi la zone inondable à 180 833 hectares, couvrant 114 municipalités du continent (contre 91 404 hectares en 2011) et 2 282 hectares aux Açores, avec la plus grande extension à Vila Franca de Xira (20 774 hectares). Plus de la moitié des territoires municipaux de la Golegã (80 %), Vila Franca de Xira (65 %) et Murtosa (51 %) sont concernés.

En ce qui concerne le littoral, entre 1958 et 2023, la perte de territoire côtier continental a été estimée à 13,5 km² et, en 2018, la bande atlantique ou estuarienne occupée par des bâtiments et infrastructures « dépassait déjà 50 % dans les municipalités de Porto, Matosinhos, Vila Nova de Gaia, Loures, Lisbonne, Cascais, Oeiras et Barreiro ».

En 2021, 14 131 bâtiments étaient situés dans des zones de sauvegarde du littoral bas et sableux ainsi que du littoral de falaises, notamment dans les municipalités d’Almada (2 131), Ovar (1 740), Figueira da Foz (1 324) et Ílhavo (1 200).

Entre 2007 et 2018, le territoire artificialisé du continent « a augmenté de 5,7 % », et la proportion d’artificialisation nette du sol (‘Land Take’) correspondait « à une artificialisation moyenne quotidienne de 7,2 hectares », tandis que la renaturation des zones artificialisées « avait une expression comparativement réduite (1 hectare/jour) ».

La cartographie des vulnérabilités critiques inclut également les feux ruraux, la sécheresse et la désertification des sols.

Bien que l’évaluation des bâtiments en zones inondables soit sous-évaluée, José Luís Zêzere a souligné que « les municipalités ne se réfèrent pas uniquement à cette cartographie de base de l’APA utilisée par la DGT » et, sous les directives de l’APA et de la Commission de Coordination et de Développement Régional (CCDR) respective, elles doivent utiliser « une cartographie plus précise des zones inondables ».

« La meilleure nouvelle dans cette situation est que, au niveau municipal, la cartographie présente dans les PDM [Plan Directeur Municipal], qui est également dans la Réserve Écologique Nationale, est plus détaillée que celle-ci, ne se limitant pas à la carte de l’APA », a-t-il conclu.