BES : ABESD avancera avec une plainte si les lésés ne sont pas compensés.

BES : ABESD avancera avec une plainte si les lésés ne sont pas compensés.
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Dans une déclaration à l’agence Lusa, Francisco Carvalho, président de l’ABESD, a affirmé que l’association a notifié le gouvernement portugais pour qu’il crée enfin un fonds de récupération partielle des pertes. Cette demande s’inscrit dans le prolongement du travail réalisé par la commission d’experts de l’Ordre des Avocats en 2019, à la suite de plusieurs promesses politiques qui n’ont pas été tenues.

Le responsable a précisé que la notification a été envoyée au gouvernement en tant qu’institution, indépendamment des partis qui le composent.

« Si le gouvernement, quel qu’il soit, ne résout pas ce problème, nous déposerons une plainte formelle à la Commission européenne contre l’État portugais », a-t-il déclaré à l’agence Lusa, estimant que le Portugal ne respecte pas la directive européenne prévoyant la réparation financière des victimes.

Pour l’ABESD, une solution serait que le fonds soit financé par les biens saisis dans le cadre de la procédure pénale du BES/GES, car 2 000 lésés ont perdu environ 300 millions d’euros et la valeur totale des biens saisis à des gestionnaires du BES (argent, patrimoine, œuvres d’art, participations dans des entreprises) dépasse 5 000 millions d’euros.

L’ABESD est également très critique quant au déroulement du processus judiciaire concernant le traitement des lésés, considérant notamment que le Ministère Public n’agit pas comme il devrait pour les défendre et se comporte « comme si les biens saisis aux accusés pouvaient être retenus pour une perte totale au bénéfice exclusif de l’État portugais ».

Dans le cadre du procès pénal (dont le jugement a commencé en octobre 2024), des milliers de clients lésés ont demandé le statut de victime de dommages patrimoniaux et moraux et environ 2 000 ont obtenu ce statut.

Cependant, bien que bénéficiant de ce statut, l’ABESD déclare que la justice « échoue à offrir une justice matérielle » et qu’elle ne doit pas se contenter de condamner les responsables, mais doit également procéder à la réparation matérielle des victimes.

L’ABESD rappelle souvent le cas de Bernard Madoff aux États-Unis, soulignant que le Département de Justice américain a pris des mesures proactives pour garantir la restitution des biens aux victimes avant même la sentence.

Pour l’ABESD, il y a eu une véritable « re-victimisation » des lésés, car ils ont été victimes d’abord du BES, ensuite des décisions de la Banque du Portugal, et maintenant de la justice, qui « ne traite pas la douleur des victimes de criminalité financière » comme elle devrait le faire.

La résolution du BES, le 3 août 2014, a provoqué des pertes chez les actionnaires et les détenteurs de dette, allant des petits investisseurs aux grands fonds d’investissement tels que Blackrock et Pimco.

Parmi tous ces acteurs, les clients qui avaient acheté de la dette d’entreprises du Groupe Espírito Santo (notamment des billets de trésorerie) aux guichets du Banco Espírito Santo (BES) sont devenus plus vocaux, organisant des dizaines de manifestations.

En raison de cette pression publique, des solutions pour ces lésés ont été négociées, mais seules certaines ont été concrétisées (comme la solution de récupération partielle pour les lésés des billets de trésorerie). Certains clients lésés n’ont obtenu aucune solution ou n’ont pas accepté les solutions proposées et continuent de réclamer leur argent perdu.